Quelles sont les probabilités qu’une AGA génère de nouveaux efforts de collaboration sur le vif, dans la salle même? C’est pourtant l’un des extraordinaires résultats de l’AGA 2017 du Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants (CanSFE) tenue le 1er novembre. Toute la journée, les participantes et participants ont joint leurs efforts pour finalement créer ou cibler 15 initiatives pour améliorer la vie des femmes et des enfants dans le monde.
Ces 15 initiatives témoignent de la passion animant les quelque 140 personnes, venant tant de lieux lointains comme l’Inde, le Pakistan et l’Afrique, que d’Ottawa, Peterborough et Toronto, qui ont participé à l’AGA.
Toutes ces personnes étaient clairement mues par le sentiment qu’il est possible d’en arriver à faire les choses de manières plus valables et efficaces. Elles étaient prêtes à oser définir ce qui, selon elles, devrait se passer, et à risquer de faire le premier pas en vue d’agir selon leurs croyances.
Ces efforts sont tout particulièrement excitants du fait qu’ils font fi des cloisons entre les organisations, les structures hiérarchiques et les secteurs. Par exemple, une cinéaste canadienne, trois professeurs pakistanais et un journaliste joignent leurs efforts pour explorer de nouvelles solutions prometteuses afin de contrer l’inquiétante augmentation des problèmes de santé mentale chez les jeunes. Les gens se rassemblent autour des idées dont ils souhaitent la concrétisation, quels que soient leurs rôles, postes ou secteurs d’activité.
L’annonce des 15 initiatives a été accueillie avec grand enthousiasme, de nombreux participants et participantes en souhaitant de toute évidence le succès. Ils ont nommé des actions tangibles, spécifiques et importantes qu’ils sont en mesure de mettre en œuvre, allant notamment de références à une contribution financière en passant par la tenue de webinaires.
Les cloisons de verre
Dans les communautés de toutes sortes, des individus sont en quête de nouvelles façons d’être ensemble. Une participante à l’AGA a décrit les connexions que nous établissons généralement dans la culture occidentale, surtout dans les milieux professionnels, comme étant séparées par des cloisons de verre. « Pouvons-nous briser ces cloisons? » C’est la question qui a été lancée dès le début de la journée.
Selon les observations et les résultats de la journée, la réponse est indéniablement oui.
Tout commence par la connexion
Le changement se produit au rythme de la relation. C’est le postulat de base de l’équipe du Resonance Centre for Social Evolution qui animait l’AGA. D’entrée de jeu, l’équipe a proposé aux participantes et participants une expérience de dialogue favorisant la connexion les uns avec les autres.
Les participantes et participants étaient invités à nouer un dialogue avec les personnes « qu’ils connaissaient le moins ». Cette expérience a suscité des dizaines, sinon des centaines, d’interactions, de relations et de partenariats potentiels nouveaux.
Quelques rires nerveux et blagues ont ponctué cette partie de la journée, plusieurs personnes reconnaissant qu’il leur était difficile de se livrer à l’écoute profonde qui leur était demandée. D’autres ont vécu l’expérience comme un pur délice : « Je suis au paradis », s’est exclamée une personne après une expérience d’écoute et de conversation profondes avec deux autres personnes.
Cette expérience de connexion a permis aux participantes et participants de prendre conscience du fait que la plupart des communautés et, bien sûr, des organisations ne sont pas des endroits qui accueillent tous les aspects de notre être. « On nous demande de jouer un rôle bien défini et de prétendre que nous sommes des acteurs rationnels. Dans les faits, nous sommes beaucoup plus que cela. Nous sommes des êtres complexes empreints d’émotions, de désirs, de vécus et d’ambitions. » (Peters et al, 2017).
Cette expérience de dialogue visait à permettre de dénouer, dès le début de l’AGA, les modes relationnels habituels et de faire place à de nouvelles pratiques.
140 déclarations de possibilité
Si la connexion détermine le rythme du changement, le sentiment de ce qui est possible en détermine certes l’envergure. Dans le cadre d’une expérience de réflexion et de dialogue guidée, chaque participante et participant à l’AGA a élaboré une déclaration de possibilité qui à la fois l’inspire et a, à son avis, le pouvoir de transformer sa communauté dans le contexte plus large de l’amélioration de la santé des femmes et des enfants dans le monde.
Quelque 30 personnes ont partagé à haute voix leur déclaration de possibilité dans un puissant étalage d’espoir et de faculté d’action. Tous les participants avaient l’occasion de présenter leur déclaration par écrit.
Une énergie d’ouverture était palpable dans la salle au moment du partage des déclarations.
Voici certaines des 140 déclarations :
Je crois que nous pouvons mieux inclure les personnes qui sont différentes.
Je crois que nous pouvons nous départir de nos postulats pour véritablement écouter les besoins des femmes et des enfants.
Je crois que nous pouvons changer les résultats en santé pour les nouveau-nés dans les endroits les plus éloignés.
Je crois que nous pouvons changer les résultats en santé pour les personnes dans les régions les plus isolées du monde si nous aplanissons nos différences.
Je crois que nous pouvons transformer les valeurs canadiennes et faire de l’investissement dans la santé et la nutrition des femmes et des enfants un élément de fierté nationale.
Je crois que nous pouvons créer ensemble un monde affranchi des mutilations génitales féminines.
Je crois que nous pouvons éliminer les écarts entre les taux de mortalité maternelle et infantile à l’échelle internationale et nationale.
Je crois que nous sommes profondément engagés envers l’équité et la justice, et que nous pouvons nous servir de cet engagement pour transformer notre monde.
Je crois que nous pouvons voir un monde où l’ensemble des femmes et des enfants sont en santé, heureux et prospères de notre vivant, si nous adoptons tous une approche collaborative, intégrative et systémique.
Créer les conditions nécessaires au changement transformateur
Le président du comité directuer du CanSFE, David Morley, a dépeint la réalité des enjeux sur lesquels le CanSFE se penche en décrivant son récent voyage en Afrique subsaharienne où il a visité un camp de réfugiés comparable à un « camp de concentration ».
« Cela semble inatteignable, mais ça ne l’est nullement, a-t-il dit. Nous avons bel et bien la chance de changer les choses pour les femmes, les enfants, les hommes, voire les familles, partout, même dans des endroits aussi horribles que celui que j’ai visité. »
En imaginant l’effet d’entraînement des 15 initiatives, des 140 déclarations de possibilité et du réseau de nouvelles connexions, on peut aisément conclure que les conditions pour transformer la vie des femmes et des enfants dans le monde ont vu le jour.
Les prochaines étapes
Bien sûr, le travail ne prend pas fin avec l’AGA. Des appels de suivi avec les champions des 15 initiatives auront lieu à la mi-novembre et seront suivis d’un appel de réflexion avec tout le groupe.
Cette démarche a pour but d’offrir un soutien central pour toutes les initiatives qui émergent tout en laissant aux gens la latitude de s’y engager et de les mener.
Nous espérons que l’esprit et les pratiques qui ont imprégné l’AGA se traduiront dans notre travail concret au fil du temps. La plupart d’entre nous conviendront que les pratiques les plus nécessaires et souhaitables sont sans doute celles qui soutiennent la vulnérabilité, l’écoute profonde, la bonne volonté et l’équanimité.
Ouvrage cité
Chuck Peters, B. S. (2017). The Way of Generativity.
Michelle Strutzenberger est membre de l’équipe au Resonance Centre.
Publié:
novembre 20, 2017
Auteur:
Michelle Strutzenberger
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