Ottawa, Canada – Le Rapport sur la Nutrition Mondiale 2017 a été officiellement lancé au Canada lors de la conférence La nutrition : élément fondamental de l’égalité des genres. Le rapport, publié à l’échelle mondiale le 3 novembre, a étudié la situation de 140 pays et a constaté que presque tous les pays du monde font maintenant face à de sérieux problèmes liés à la nutrition, qui découlent de la sous-nutrition ou de l’obésité.
Trois formes principales de malnutrition ont été utilisées comme indicateurs de tendances plus vastes :
Le retard de croissance chez l’enfant, les enfants trop petits pour leur âge en raison du manque de nutriments, qui souffrent de dommages irréversibles à la capacité du cerveau;
L’anémie chez les femmes en âge de procréer, une maladie grave qui peut avoir des effets à long terme sur la santé de la mère et de l’enfant;
Le surpoids chez les femmes adultes, une préoccupation croissante puisque les femmes sont touchées de manière disproportionnée par l’épidémie mondiale d’obésité.
Le rapport a révélé que l’ensemble des 140 pays faisaient face à des « fardeaux importants » selon un ou plusieurs de ces indicateurs et que 88 % font face à un lourd fardeau pour deux ou trois de ces formes de malnutrition.
La malnutrition, l’augmentation des taux d’anémie et les problèmes d’obésité ont été soulignés comme particulièrement problématiques pour les femmes et les filles. La nutrition : élément fondamental de l’égalité des genres, qui a réuni des organisations de développement international, des représentants du gouvernement, des chercheurs et des champions mondiaux de la santé, souligne le rôle essentiel de la nutrition dans l’autonomisation des femmes, et la nécessité d’une action urgente en matière de nutrition pour atteindre les objectifs de développement durable.
Luz Maria De-Regil, vice-présidente de Global Technical Services of Nutrition International, l’un des coorganisateurs de la conférence, a présenté les principales conclusions du rapport. Mme De-Regil a souligné que la lutte contre la malnutrition est la clé pour parvenir à une égalité de fait entre les femmes et les hommes.
« Les femmes et les filles ne peuvent avoir des chances égales de grandir, d’apprendre, de gagner de l’argent et de diriger que lorsqu’elles ont une nutrition adéquate », a-t-elle ajouté. « L’égalité des sexes et la nutrition doivent être abordées universellement à travers les objectifs de développement durable, en habilitant les femmes et les filles à prendre en main leur propre santé et leur nutrition. »
Dans de nombreuses parties du monde, les femmes et les filles sont celles qui mangent en dernier et en moindres quantités dans leur foyer. Les femmes et les filles mangent moins et elles sont les dernières à manger en raison de connaissances, d’attitudes et de pratiques qui les dévalorisent, sous-estiment l’importance d’une alimentation saine et adéquate pour les femmes et les filles et limitent leur pouvoir de décision sur l’achat et la distribution des aliments.
La malnutrition chez les filles et les femmes exacerbe également les inégalités entre les sexes à moyen et à long terme. L’anémie et le retard de croissance chez les femmes et les filles affectent le développement cognitif, la performance scolaire, la productivité du travail et le potentiel de gains. Ils ont également un impact sur l’issue des grossesses, ce qui prolonge le cycle de la pauvreté. À l’inverse, une bonne nutrition peut agir comme un facteur d’amélioration de l’équité en faisant en sorte que les femmes et les filles puissent atteindre leur plein potentiel, apprendre, gagner de l’argent et diriger.
De même, la malnutrition résultant de conditions socio-économiques qui ont une incidence sur la nutrition, comme les mauvaises conditions d’eau, d’assainissement et d’hygiène [water, sanitation and hygiene (WASH)], influence et est influencée par les inégalités entre les sexes. On estime que 50 % des problèmes de sous-nutrition sont associés aux infections causées par l’eau insalubre, les problèmes d’assainissement et l’hygiène insuffisante, et ce sont souvent la santé, les droits et les opportunités des femmes et des filles qui sont le plus touchés par la sous-nutrition liée aux facteurs WASH. La preuve est faite qu’investir dans des interventions « visant directement la nutrition » ne suffira pas à mettre fin à la malnutrition.
Pour faire face au fléau de la malnutrition et de l’inégalité des sexes, nous devons aller plus vite, aller plus loin et innover. À l’échelle mondiale cependant, le financement des donateurs pour la nutrition n’a augmenté que de deux pour cent en 2015, ce qui représente une baisse du pourcentage du financement global de l’aide, et le rapport demande que le financement « passe à la vitesse supérieure » avec un triplement du financement des investissements mondiaux en nutrition.
Le Canada est un chef de file depuis longtemps dans la promotion de la nutrition et des droits de la personne partout dans le monde. Nous pouvons terminer le travail en nous concentrant sur l’interaction entre l’égalité des genres, les droits de l’homme et la nutrition. Il serait dans l’intérêt supérieur du Canada d’investir dans des programmes holistiques et novateurs pour aborder l’égalité des sexes et de la nutrition puisque les progrès sur un grand nombre de nos objectifs internationaux, y compris diminution de l’inégalité entre les sexes au niveau mondial et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) nécessitent des approches féministes intégrées fondées sur les droits qui exigent l’intégration de la nutrition en tant que question transversale. La nutrition est essentielle à la réalisation des ODD et des objectifs de la Politique d’aide internationale féministe du Canada.
Selon le rapport, les promesses d’investissement en nutrition doivent dépasser le stade de la « rhétorique vide » et être concrétisées par des interventions ciblées. En tant que l’un des principaux fournisseurs mondiaux de programmes mondiaux de nutrition, le gouvernement du Canada devrait veiller à ce que le financement de la nutrition demeure une priorité clé et devrait assurer un financement accru pour la nutrition qui va de pair avec un engagement à augmenter le financement de l’enveloppe de l’aide internationale du Canada.
Au cours des 18 prochains mois, le Canada aura de multiples occasions de lutter contre la malnutrition et l’inégalité des sexes, notamment par la présidence du G7 et l’accueil de Women Deliver 2019, la plus grande conférence mondiale sur la santé, les droits et le bien-être des femmes et des filles. Nous invitons le Canada à profiter de ces occasions pour promouvoir le lien entre la nutrition et l’égalité des sexes sur la scène mondiale et à faire de la nutrition un élément clé de l’autonomisation économique des femmes.
Pour en savoir davantage :
Pour en savoir plus sur le Rapport sur la nutrition mondiale 2017, visitez http://www.globalnutritionreport.org/
Publié:
novembre 21, 2017
Auteur:
CanSFE
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