MicroResearch : Éliminer les obstacles à l’amélioration de la santé des communautés en Afrique de l’Est

« La connaissance n’est pas suffisante, nous devons l’appliquer. La volonté n’est pas suffisante, il faut agir. » (Gœthe).

En 2000, 189 pays ont promis d’aider les citoyens des pays les plus pauvres à améliorer leur qualité de vie d’ici 2015. Cette promesse, appelée les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a entraîné l’augmentation du financement de la part de pays riches pour appuyer des programmes qui augmenteraient l’alphabétisation, réduiraient la pauvreté et amélioreraient la santé maternelle, néonatale et infantile dans les plus pauvres pays à faible revenu (PFR). En 2013, Ban Ki-moon, le directeur général des Nations Unies, a affirmé que l’initiative globale des OMD était « la campagne antipauvreté la plus réussie de l’histoire de l’humanité. »

Mais l’amélioration de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants s’avère plus difficile que les autres OMD. Trop souvent en Afrique, les nouvelles connaissances acquises grâce aux recherches en santé et qui pourraient améliorer les conditions ont échoué à être appliquées. Les raisons derrière cet échec sont multiples; la principale étant que les changements à appliquer se butent aux croyances et aux cultures locales. Pour citer Gœthe : « Le savoir et les bonnes intentions ne suffisent pas; il faut agir concrètement. »

L’un des importants obstacles à l’amélioration de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants est la mise en œuvre inadéquate des connaissances en santé à l’échelle communautaire. Bien que les professionnels de la santé africains soient d’excellents cliniciens, ils ne possèdent pas la formation et les compétences requises pour cibler d’importants problèmes de santé communautaire. Le soutien à la recherche pour les professionnels de la santé afin qu’ils effectuent leurs propres recherches axées sur la communauté a été négligé puisque la majeure partie des recherches financées par les donateurs a été axée sur le diagnostic et le traitement des maladies contagieuses dans ces PFR. Par exemple, les chercheurs des PFR n’ont produit que 4 % des publications de recherche en lien avec la politique de santé dans les PFR.

Néanmoins, les professionnels de la santé des PFR ont le plus grand potentiel d’impact sur les pratiques et les politiques touchant à la santé dans leur propre pays. Ils comprennent la culture, les langues et les obstacles locaux qui s’opposent à l’amélioration des pratiques sanitaires. La mise en œuvre du sommet vers la base a échoué à moins d’avoir été appropriée au contexte et à la culture. Les professionnels de la santé africains, intégrés à leur communauté, peuvent cibler des problèmes de santé critiques et appliquer les méthodes de recherche pour trouver des solutions. Ils sont les mieux placés pour instaurer un changement et améliorer l’issue de la santé.

En 2008, les Drs Robert Bortolussi et Noni MacDonald du Centre de santé IWK se sont associés au Dr Jerome Kabakyenga de l’Ouganda pour développer une collaboration est-africaine/canadienne novatrice appelée MicroResearch (www.microresearch.ca). MicroResearch aide à renforcer la capacité des professionnels de la santé africains locaux pour trouver des solutions locales à des problèmes locaux de santé maternelle, infantile et communautaire. MicroResearch utilise cinq composantes intégrées pour s’assurer que la recherche corresponde au contexte, à la culture et aux ressources de la localité; et qu’elle est scientifiquement valide et partagée avec les communautés et professionnels de la santé locaux :

  • Forme des professionnels de la santé multidisciplinaires pour identifier des problèmes locaux de santé maternelle et infantile ayant besoin de solutions;
  • Entraîne trois équipes de MicroResearch pour transformer leurs questions de recherche en propositions valides jugées par les pairs à l’échelle internationale;
  • Finance les équipes afin qu’elles entreprennent ces projets qui trouveront des solutions aux problèmes de santé locaux, et ce avec un mentorat offert sur une base continuelle;
  • Aide à traduire les résultats en actions qui amélioreront l’issue de la santé communautaire pour les mères, les nouveau-nés et les enfants, et ce avec un mentorat offert sur une base continuelle;
  • Appuie le partage des résultats des recherches à travers un réseau est-africain de MicroResearch et sur les forums est-africains de MicroResearch.

En fait, dans les six dernières années, MicroResearch a déjà instauré les principes récemment prônés par l’Organisation mondiale de la santé comme meilleur moyen de renforcer la capacité de recherche dans les pays à faible et moyen revenus.

Le programme MicroResearch a obtenu d’extraordinaires succès avec un très petit soutien financier. Entre 2008 et 2013, cinq sites est-africains ont invité des formateurs de MicroResearch pour les aider à accroître la capacité des professionnels de la santé locaux. Plus de 15 ateliers ont été offerts, formant environ 400 participants. Des 29 projets d’équipe de MicroResearch financés (2 000 CAD chacun), 22 sont toujours en cours et 7 ont été complétés. Tout cela fut accompli avec moins de 300 000 $. Les connaissances acquises grâce à ces projets ont influencé divers programmes de santé et/ou politiques gouvernementales. Par exemple, les équipes de MicroResearch ont découvert que les pratiques traditionnelles de soins du cordon ombilical en cours dans les villages ruraux de l’Ouganda augmentaient les risques de sepsie. Plus de 40 % des décès néonataux étaient attribuables à des sepsies associées au cordon ombilical. Même si nous savons que l’usage d’antiseptiques pourrait drastiquement améliorer la survie des nouveau-nés, ces chercheurs ont démontré que les procédures recommandées par l’OMS n’étaient pas respectées dans les régions rurales; et ont identifié les obstacles culturels sous-jacents. En résultat de leur travail, ils collaborent avec le ministère ougandais de la Santé pour faire des essais pilotes afin d’instaurer un programme de soin du cordon ombilical avec de la chlorhexidine dans les villages ruraux de l’Ouganda comme projet démonstratif et étude de cas.

Soumis par Robert Bortolussi et Noni MacDonald, Dalhousie University

Publié:

mars 10, 2015


Auteur:

Robert Bartolussi and Noni MacDonald


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