À mesure que la crise climatique se poursuit, il est difficile d’en ignorer les conséquences à grande échelle : phénomènes météorologiques extrêmes, élévation du niveau des mers, perturbation des écosystèmes, pénurie d’eau et bien d’autres choses encore. Toutefois, ces conséquences ne nous touchent pas toutes et tous de la même manière. Les femmes et les enfants, surtout dans les pays à revenu faible et intermédiaire, sont touchés de manière disproportionnée par l’impact des changements climatiques. Avant de pouvoir remédier à ces inégalités, nous devons les comprendre.
Voici six façons dont les changements climatiques et l’égalité des genres sont intimement liés :
1. La violence fondée sur genre
Les femmes et les filles sont confrontées à des degrés accrus de violence fondée sur le genre (VFG) en raison des changements climatiques, lesquels sont parfois qualifiés de multiplicateurs de menace. Les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) connaissent souvent une augmentation de la VFG associée aux changements climatiques, car les femmes doivent parcourir de longues distances pour accéder aux sources d’eau, ce qui les rend vulnérables à la violence. Des recherches menées à Madrid indiquent que les féminicides ont augmenté de 40 % en raison des vagues de chaleur. Cette même recherche révèle qu’au Kenya, la probabilité que les femmes signalent des violences conjugales est 60 % plus élevée en cas de conditions météorologiques défavorables. Une autre étude portant sur des femmes et des filles en Inde, au Pakistan et au Népal constate que pour chaque augmentation d’un degré Celsius de la température annuelle moyenne, il y a une augmentation de 6,3 % de la violence physique et sexuelle. On estime qu’environ 80 % des personnes déplacées en raison des changements climatiques sont des femmes. À cause de ces déplacements, les refuges, les installations temporaires et/ou les camps connaissent généralement une augmentation de la VFG envers les femmes et les enfants. L’augmentation du nombre de mariages d’enfants, une autre forme de VFG, a également été liée à la crise climatique. Les familles considèrent parfois le mariage d’enfants comme un moyen d’atténuer les difficultés économiques, tout en améliorant la sécurité alimentaire de leurs filles.
2. Les catastrophes naturelles
De façon similaire, les catastrophes naturelles causées par les changements climatiques rendent souvent les femmes, les enfants et les adolescent·es plus vulnérables. La pauvreté, les lacunes en matière d’application de la loi et l’absence de domicile fixe sont autant de facteurs qui favorisent les agressions, la violence et les maltraitances à l’encontre des femmes et des enfants. Le National Sexual Violence Resource Centre a mené une enquête indiquant qu’une agression sexuelle sur trois pendant les ouragans Rita et Katrina s’est produite dans des refuges. Après le passage de l’ouragan Matthew en 2016, Haïti a connu une augmentation du trafic sexuel de femmes et d’enfants, attribuée en grande partie à la dévastation économique du pays.
3. La santé des femmes et des enfants
Les femmes, les enfants et les adolescent·es vivant dans les PRFI ont souvent un accès limité aux soins de santé, ce qui contribue à accroître les risques pour la santé maternelle et infantile. Les recherches montrent que les chaleurs extrêmes sont liées à la propagation de maladies mortelles comme le paludisme, à la mortinatalité et à l’insuffisance pondérale à la naissance, tandis que la pollution atmosphérique est à l’origine de 7 millions de décès prématurés chaque année. Il existe également un lien entre la chaleur et la santé mentale, les vagues de chaleur ayant un effet sur l’anxiété et le stress post-traumatique. La nutrition est également liée à la santé des femmes et des enfants. En 2021, environ 32 % des femmes étaient confrontées à une insécurité alimentaire grave, ce qui nuit à leur santé générale.
4. Les ressources naturelles
Un grand nombre de femmes, d’enfants et d’adolescent·es ont un accès limité aux ressources naturelles cruciales, tout en étant responsables de leur collecte. À l’échelle mondiale, 43 % de la main-d’œuvre agricole est composée de femmes. Dans les PRFI, les filles en particulier sont souvent contraintes de quitter l’école à un jeune âge afin d’aider leur mère dans les activités agricoles, dont la collecte des ressources naturelles. Cette pression augmente lorsque les changements météorologiques et climatiques rendent les ressources plus rares ou imprévisibles, et l’agriculture plus difficile. Le manque de ressources naturelles associé au manque de revenus crée des situations de vulnérabilité pour les femmes et les filles en ce qui a trait à la VFG et aux mariages précoces.
5. L’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH)
L’eau est directement liée à la qualité de vie des femmes, à leurs perspectives économiques et à leur sécurité. Une étude menée au Botswana a révélé que 70 % des enfants retirés de l’école étaient des filles, en particulier pendant les périodes de sécheresse. L’eau est une ressource très convoitée qui n’est pas toujours disponible dans les PRFI, ce qui finit par contribuer à des carences dans l’ensemble des communautés. À elle seule, la collecte de l’eau prend environ 200 millions d’heures par jour, dans le monde entier. Le lien entre les changements climatiqueset la pénurie d’eau est un problème de sécurité lorsqu’on aborde la question de l’hygiène, de la santé et du lavage des mains. Les femmes sont également plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles lorsqu’elles vont chercher de l’eau.
6. Opportunité pour l’environnement
Près de la moitié de la main-d’œuvre agricole des pays en développement est constituée de femmes, ce qui souligne leur rôle essentiel dans la production et la sécurité alimentaires. L’ONU estime que si les femmes disposaient des outils et des technologies nécessaires, elles seraient en mesure d’accroître la productivité agricole de 20 % à 30 %, d’augmenter la production globale de 2,5 % à 4 % et de réduire la faim dans le monde de 12 % à 17 %.
Au-delà du secteur agricole immédiat, l’investissement dans les femmes a des effets bénéfiques sur l’environnement. La recherche montre que les pays où les femmes sont fortement représentées au parlement sont plus enclins à ratifier les traités internationaux sur l’environnement. Cela met en évidence le rôle influent des femmes, non seulement dans les communautés locales, mais aussi sur la scène mondiale, pour relever les défis environnementaux urgents. Il est important de soutenir les femmes et les filles dans la prise de décision concernant l’action climatique, car elles ont tendance à être des leaders en matière de réduction des risques. L’ONU a constaté que lorsque les femmes sont incluses dans la conversation, le taux de résilience au sein des communautés augmente.
Publié:
février 28, 2024
Catégories:
Partager cette publication: