L’Ebola à la Sierra Leone : travailler pour traiter les femmes et les enfants les plus vulnérables

Durant les six dernières années, CAUSE Canada a travaillé dans 1 429 communautés rurales du district de Moyamba à la Sierra Leone pour diminuer le taux de mortalité maternelle et infantile. Lorsque la région fut infectée par le virus Ebola en mai 2014, ces familles rurales ont eu de plus en plus peur et ont arrêté de se rendre dans les cliniques de santé gouvernementales pour leurs visites prénatales et postnatales régulières. Les conséquences furent désastreuses! En juillet 2014, les taux de vaccination pour les enfants de moins de 5 ans étaient passés de 99 % à 76 % (UNICEF, novembre 2014). Les infirmières gouvernementales ont reçu l’instruction de suspendre leurs suivis nutritionnels et de la croissance pour éviter les contacts physiques avec les patients, surtout parce que les gants étaient disponibles en quantité limitée. Les réunions de plus de 5 à 10 personnes ont également été déclarées illégales, compliquant la possibilité de donner des formations en santé communautaire.

Avec l’appui financier de l’UNICEF, les quarante employés nationaux de CAUSE Canada à Moyamba ont travaillé sans relâche au cours des 9 derniers mois pour accroitre les connaissances sur le virus Ebola dans les communautés éloignées. Des groupes de soutien aux mères ayant déjà été formés en matière d’alimentation pour les nourrissons et les mères et sur l’importance de la vaccination ont reçu des messages clés sur l’Ebola pour qu’ils les transmettent aux soignantes, aux adolescentes, aux femmes enceintes et à leurs familles. Dans chaque village ciblé, les groupes de soutien aux mères ont été les principaux éducateurs sur la manière de prévenir la propagation du virus Ebola. Ils enseignent la bonne manière de se laver les mains, les bonnes pratiques d’enterrement et pourquoi éviter de consommer du gibier. Chaque moi, les employés de CAUSE Canada rencontrent les groupes de soutien aux mères, et ce dans 445 communautés difficiles d’accès.

En mars 2015, le nombre total de cas d’Ebola s’élevait à 12 188 en Sierra Leone et avaient causé la mort de 3 854 personnes. L’impact de la crise Ebola sur la santé, la société et l’économie se fera probablement sentir jusqu’à une décennie après l’éradication du virus. Les femmes ont été affectées de manière disproportionnée. Divers facteurs rendent les femmes plus susceptibles que les autres à l’Ebola et à d’autres maladies. Elles ont été et sont des soignantes et des travailleuses de la santé de première ligne, des commerçantes transfrontalières, des infirmières et des mères dans les communautés ravagées par l’Ebola.

Les femmes ont vu la productivité diminuer en agriculture, dans le commerce (dont le commerce transfrontalier), dans les petites entreprises et dans le secteur des services. Puisque de nombreuses femmes à la Sierra Leone sont responsables de l’alimentation de leurs enfants, l’augmentation de la pauvreté découlant de l’Ebola touche directement au statut nutritionnel de ces mères et de leurs enfants.

Les décès maternels ont augmenté en raison de la réduction des soins prénatals et néonataux dans les trois pays les plus touchés par l’Ebola (le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone). « Avec l’épidémie, nous avons assisté à une interruption des services de santé. Dans le dernier trimestre de 2014, près de 40 000 des quelque 200 000 femmes enceintes risquent de ne pas être suivies durant leur grossesse ni assistées lors de l’accouchement par une personne qualifiée. » (Note de politique sur l’Afrique du PNUD, janvier 2015). Bien que le taux de mortalité causée par l’Ebola durant la crise de 2014-2015 fut le plus important jamais enregistré, son impact négatif sur la santé maternelle et infantile pourrait être encore plus prononcé.

Le travail de CAUSE Canada à travers les groupes de soutien aux mères continue de promouvoir le suivi des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans. Ces femmes ont été formées pour effectuer des suivis nutritionnels et de la croissance dans leur communauté et pour reconnaitre les problèmes de santé importants chez les femmes enceintes. L’orientation efficace des enfants mal nourris ou des femmes enceintes ayant d’importants problèmes de santé n’est toujours pas optimale puisque les hôpitaux manquent encore de personnel, sont mal équipés et sont engorgés par trop de patients.

CAUSE Canada a construit 25 maisons d’hébergement pour les futures parturientes dans le district de Moyamba pour accommoder les femmes enceintes ayant des problèmes d’accouchement potentiels et vivant loin des cliniques gouvernementales. Puisque ces installations culturellement appropriées se situent en face des cliniques de santé rurales et gouvernementales, ces femmes enceintes peuvent se déplacer dans ces maisons avant la date prévue de leur accouchement et être assistées en toute sécurité par des professionnels de la santé formés durant l’accouchement.

Les nouveaux cas d’Ebola diminuent d’une semaine à l’autre, mais la crise a souligné le besoin critique de services de santé améliorés, particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants. CAUSE Canada constate que l’enseignement en matière de santé publique ainsi que les examens nutritionnels et prénatals peuvent être efficacement mis en place à l’échelle locale par les groupes de soutien aux mères, et ce même durant la crise du virus Ebola.

 

Par CAUSE Canada.

Publié:

avril 21, 2015


Auteur:

CAUSE Canada


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