L’équité en santé est atteinte lorsque les individus ont la possibilité de réaliser leur plein potentiel en matière de santé. Inversement, l’équité n’est pas atteinte lorsque des conditions systématiques évitables restreignent les choix de vie.
Chaque jour, les médecins constatent les conséquences de l’iniquité en santé dans leur clinique et dans les unités d’urgence, et ils s’engagent à faire pression pour que des actions soient prises afin de régler les problèmes de l’iniquité en santé au Canada.
En 2013, l’Association médicale canadienne a tenu une suite d’assemblées locales à travers le Canada pour interroger le public au sujet des facteurs qui affectaient le plus leur santé et celle de leur communauté. Le rapport final identifie quatre principaux facteurs déterminants, dont le développement de la petite enfance.
La recherche démontre que la santé des adultes est prédéterminée de plusieurs manières durant la petite enfance et même par des événements survenant avant la naissance. Les premières années sont le moment où s’opère un développement crucial dans divers domaines tels que physique, social, cognitif, émotionnel et langagier. Les perturbations survenant durant cette période peuvent avoir une influence sur le développement du système cardiovasculaire ou sur le comportement, dont la tendance à prendre des risques plus tard; cela peut même changer la façon dont certains gènes s’exprimeront ultérieurement. Des expériences négatives comme la pauvreté, la violence parentale ou un manque de soutien parental peuvent modifier la trajectoire de la santé d’un enfant indéfiniment. Même sans ces épreuves, des problèmes peuvent se présenter durant les premières années de vie; plus d’un quart des enfants canadiens commencent la garderie avec une lacune dans au moins un aspect de leur développement. Ces manques peuvent être complètement éliminés ou considérablement réduits s’ils sont pris en charge au bon moment. Les preuves suggèrent que deux tiers des lacunes dans la préparation scolaire peuvent être considérés comme évitables.
Reconnaissant cette étape critique, l’AMC a entrepris l’élaboration d’une politique du processus de développement pour cibler les domaines dans lesquels les médecins et les autres personnes concernées peuvent s’impliquer pour soutenir un développement sain durant la petite enfance. Nous avons besoin d’une intervention à l’échelle gouvernementale, c’est-à-dire une stratégie nationale de développement de la petite enfance, un soutien aux parents et des stratégies pour réduire la pauvreté. Néanmoins, les médecins ont également un rôle à jouer à travers l’éducation médicale et les interventions en clinique.
La communauté médicale doit accorder davantage d’attention aux causes des maladies et des handicaps affectant les adultes. Elle doit également concentrer ses efforts de prévention sur l’élimination ou la réduction des sources précoces de mauvaise santé. La science qui étudie les premiers stades de développement du cerveau et sa biologie évolue rapidement et il est nécessaire que les médecins, actuels et futurs, disposent de l’information nécessaire pour répondre aux besoins de leurs patients. Pour atteindre cet objectif, l’AMC a créé un partenariat avec la Société canadienne de pédiatrie afin de développer un cours d’EMC en ligne pour les médecins qui les mettra à jour sur quelques-uns des résultats de la science ainsi que sur les interventions cliniques. Ce cours sera inauguré au courant de 2015.
Bien que la majorité des menaces au développement de la petite enfance survienne en dehors d’un hôpital ou d’une clinique, les médecins peuvent intervenir sur ces facteurs déterminants de diverses manières dans leur pratique. Les médecins ont un rôle unique puisqu’ils sont les professionnels de la santé qui sont le plus en contact avec les enfants dans leurs premières années de vie. Les données de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences révèlent que 97 % des enfants ontariens de 0 à 2 ans sont suivis par un médecin de famille. À travers ce contact celui-ci peut détecter les premiers signes d’un trouble de développement, aviser les parents et les mettre en lien avec des ressources disponibles dans la communauté. Le programme qui intègre tous ces aspects est Le bilan de santé amélioré à 18 mois en Ontario. Les médecins utilisent un ensemble d’outils prédéterminés pour identifier les problèmes potentiels et rencontrent ensuite les parents pour discuter avec eux de toutes les interventions possibles.
Un autre domaine où les médecins peuvent soutenir le développement de la petite enfance est d’encourager l’alphabétisation précoce. Les études ont démontré que lorsque les médecins parlent d’alphabétisation avec les parents et leur donnent des ressources appropriées comme des livres pour enfant adaptés à leur développement, l’augmentation dans la fréquence de lecture et l’aisance avec le langage préscolaire ont été notées.
La petite enfance est le meilleur moment pour prendre en main la santé de la population au Canada. Les médecins canadiens ont un rôle à jouer dans l’identification des enfants à risque, soutenir leurs parents pour encourager le développement sain des enfants et en plaidant pour des communautés qui assurent à tous les enfants canadiens d’avoir la possibilité de grandir heureux et en bonne santé.
La petite enfance est une excellente période pour prendre en main la santé de la population au Canada. Les médecins canadiens ont un rôle à jouer en identifiant les enfants à risque, en soutenant leurs parents pour encourager le développement sain des enfants et en recommandant que les communautés s’assurent que tous les enfants canadiens ont la possibilité de grandir heureux et en santé.
Par Christopher S. Simpson MD,FRCPC, FACC, FHRS, Canadian Medical Association.
Publié:
juillet 23, 2015
Auteur:
Christopher S. Simpson
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