Investir intelligemment dans les enfants est indispensable pour établir plan financier en faveur d’un développement durable d’ici 2030

Plusieurs millions d’enfants parmi les plus vulnérables dans le monde risquent encore de mourir avant leur cinquième anniversaire, vivent sans eau potable et ne vont jamais à l’école. La troisième Conférence internationale sur le financement du développement en juillet fut une occasion importante de répondre à ces inégalités en établissant un plan qui détermine la façon dont le monde s’assurera que la vie de ces enfants vulnérables sera améliorée dans les 15 prochaines années.

Chefs d’état, donateurs, organisations non gouvernementales, chefs d’entreprises et ministres des Finances, des Affaires étrangères et du Développement des gouvernements du monde entier se sont réunis à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour la conférence, afin de délibérer des moyens de financer les Objectifs de développement durable (ODD), le programme qui remplacera les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) plus tard cette année.

De grands pas ont été faits. Les États membres se sont entendus sur un cadre mondial pour financer le développement, le Programme d’action d’Addis-Abeba qui reconnait clairement qu’investir dans les enfants est au cœur d’une croissance inclusive et durable, et ce en mettant l’accent sur l’équité et l’atteinte des plus vulnérables.

De manière générale, alors que le monde détermine comment améliorer l’état du monde au cours des 15 prochaines années, les ODD représentent les « quoi » et le Programme d’action d’Addis-Abeba représente le « comment ». Le Canada, en tant que leader mondial en matière de santé infantile et maternelle et de responsabilité, continue à avoir un rôle à jouer pour assurer que la communauté internationale respecte et les engagements qui ont été pris et agit conformément à ceux-ci.

 

Le leadership du Canada pour sauver des enfants et des mères

Le Canada a dirigé des efforts au Sommet 2010 des dirigeants du G8 pour lancer l’Initiative de Muskoka pour résoudre la mortalité infantile et maternelle. Il a également coprésidé la Commission mondiale sur la responsabilité pour s’assurer que les dollars promis ont été donnés et que les résultats ont été surveillés. Le Canada s’est rallié à nouveau en 2014 avec un engagement de 3,5 milliards de dollars pour sauver les vies de nouveau-nés, d’enfants et de mères. En septembre 2014, le Canada faisait également partie des pays qui se sont engagés envers le Mécanisme de financement mondial, une nouvelle initiative qui va canaliser le financement afin d’accélérer les efforts pour mettre fin aux morts évitables et pour renforcer les systèmes de santé nationaux.

En se portant à la défense des enfants, le Canada doit continuer à profiter de son influence au sein de la communauté internationale pour à veiller à ce que les progrès réalisés ne soient pas perdus et s’assurer que les enfants et les mères les plus vulnérables et actuellement exclus des programmes vitaux deviennent la priorité, non seulement celle des ODD, mais aussi dans le cadre du financement instauré pour atteindre ces objectifs.

 

OMD : les bon coups, les ratés et les apprentissages

Les 15 dernières années de développement, guidées par les OMD, ont réalisé d’énormes progrès, réduisant de moitié le taux de mortalité infantile et prouvant qu’une révolution de la survie infantile est à notre portée grâce à un financement ciblé et une volonté politique.

Cependant, les OMD n’ont pas réussi à atteindre plusieurs des enfants les plus vulnérables et marginalisés dans le monde. Souvent, les inconvénients et les disparités auxquels ils sont confrontés ont été masqués par les moyennes nationales montrant les progrès dans certains segments de la société. Des données de haute qualité, actuelles et crédibles sont cruciales pour développer et implanter de nouvelles politiques qui peuvent améliorer la vie et l’avenir de ces enfants vulnérables. Les données doivent creuser en profondeur à l’échelle locale pour répondre à des défis uniques, de sorte que les efforts mondiaux ne stimulent pas seulement les moyennes nationales, mais atteignent tous les enfants.

Les 15 dernières années nous ont également enseigné que les désavantages et l’inégalité des chances ne sont pas inévitables. L’expérience a montré que bâtir un monde plus paisible, prospère et durable commence avec un investissement intelligent dans les enfants, surtout les plus vulnérables.

 

La communauté internationale doit s’appuyer sur les engagements pris à Addis-Abeba :

  • Prioriser les investissements dans les services universels de base tels que l’éducation, les filets de sécurité sociale, les soins de santé, l’immunisation, l’eau et l’hygiène et la protection de l’enfance;
  • Identifier et cibler les groupes et les communautés ayant les plus grands besoins;
  • Mobiliser progressivement des ressources supplémentaires pour combler les lacunes de financement dans les domaines prioritaires des ODD sous-financés et ayant les plus grands impacts chez les enfants, dont la nutrition, la protection de l’enfance et le développement de la petite enfance;
  • Améliorer les rapports sur les dépenses liées à l’enfant, incluant la documentation sur les montants alloués à des groupes ou des zones ayant un plus grand taux d’enfants défavorisés.

 

Nous savons qu’investir dans les enfants est avantageux sur le plan économique :

  • Réduire la mortalité infantile de 4,25 pour mille enfants nés de mères ayant un faible niveau d’éducation peut conduire à une augmentation de près de 8 pour cent du PIB par habitant en 10 ans.
  • La prévention de la dénutrition dans la petite enfance mène à une augmentation de 20 pour cent de la rémunération horaire et de 48 pour cent des taux salariaux.
  • Chaque année d’éducation supplémentaire est associée à une augmentation de 18 pour cent en moyenne du PIB par habitant.
  • Les conséquences de la violence physique, psychologique et sexuelle contre les enfants ont un impact économique mondial et les coûts s’élèvent à 7 trillions de dollars américains.
  • La probabilité d’un conflit a plus que doublé pour atteindre près de 10 pour cent lorsque les inégalités en éducation ont doublé dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.

Le rassemblement d’Addis-Abeba fut un événement historique. Les engagements décrits dans le Programme d’action d’Addis-Abeba guideront les efforts pour bâtir un monde meilleur. Ces efforts doivent commencer par un investissement intelligent dans les enfants, particulièrement les plus défavorisés, pour que tous les enfants aient une chance égale de survivre, de s’épanouir et de contribuer à la paix et à la prospérité du monde.

De plus amples investissements intelligents dans les enfants, particulièrement envers les plus marginalisés, doivent être au cœur des décisions financières qui seront prises au cours des 15 prochaines années. Sans investissements ciblés dans les enfants, la survie, la croissance et l’avenir de ceux-ci seront en jeu. C’est également le cas de la prospérité et de la sécurité de l’avenir.

Nous défions le Canada et la communauté internationale de faire transformer les promesses d’investir dans les enfants et dans les jeunes gens en actions concrètes qui réduiront les iniquités et donneront à chaque enfant une juste chance dans la vie.

David Morley, président et chef de la direction d’UNICEF Canada, représentait le Réseau canadien pour la santé maternelle, néonatale et infantile dans le cadre de la délégation officielle du Canada à la Conférence du financement pour le développement à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 13 au 16 juillet.

Publié:

septembre 1, 2015


Auteur:

CanWaCH


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