Women Deliver 2023, un mois plus tard : réflexions du groupe de travail du CanSFE sur l’égalité des genres

Par Ajita Vidyarthi de Plan International, Laura Lortie Maurel de Cuso International, Rachel Pell de Right To Play International, Merydth Holte-McKenzie de Vision mondiale Canada, Clare Szalay Timbo d’Orbis Canada, et Maggie Zeng et Alex Valoroso de Valoroso Consulting.

Le mois dernier, plus de 6 000 personnes ont participé à la conférence Women Deliver 2023 (WD2023) à Kigali, au Rwanda, l’un des plus grands rassemblements multisectoriels visant à faire avancer l’égalité des genres. Des défenseuses et défenseurs du monde entier, des activistes, des jeunes, des chercheuses et chercheurs, des organisations de la société civile (OSC), des responsables politiques, des leaders du secteur privé ainsi que des organisations philanthropiques et multilatérales se sont réunis pour aborder les problèmes complexes qui touchent les femmes et les filles et pour galvaniser l’élan en faveur d’une action collective.

Les membres du Groupe de travail du CanSFE sur l’égalité des genres ont eu l’occasion d’assister à la conférence, d’animer des séances, de tenir des expositions et de participer à des événements parallèles. Voici leurs réflexions sur la conférence WD2023 et sur la participation des OSC canadiennes dans ces espaces mondiaux.

Lisez ci-dessous un résumé de leurs réflexions (qui ont parfois été reformulées pour plus de clarté).

L’importance de l’engagement du Canada dans ces espaces internationaux

La participation des OSC canadiennes à des événements internationaux tels que la conférence WD2023 est essentielle. Ces événements, qui rassemblent diverses parties prenantes du monde entier, favorisent la collaboration et le partage des connaissances entre les OSC, les gouvernements, les entreprises et les activistes.

La participation à ces événements nous permet d’entendre et d’apprendre directement des expériences de nos homologues internationaux et d’obtenir des informations précieuses sur les meilleures pratiques et les approches innovantes. Elle élargit les horizons de la compréhension canadienne des approches féministes décoloniales, antiracistes, locales et PANDC en matière de genre et de développement. En étant exposées aux perspectives et aux ressources internationales, les OSC canadiennes peuvent également repérer des lacunes et renforcer leurs capacités organisationnelles (c’est-à-dire le perfectionnement des compétences, les possibilités de collecte de fonds et l’exposition à des donateurs et à des sympathisants potentiels). Cet échange de connaissances renforce l’efficacité de leur travail. 

WD2023 a plaidé en faveur du pouvoir de la collaboration, soulignant que c’est en s’unissant, tous secteurs confondus, autour d’une cause que l’on peut avoir un impact à l’échelle mondiale. En participant à des événements comme WD2023, les OSC canadiennes peuvent établir des réseaux solides et explorer de nouveaux partenariats, en particulier avec des organisations de jeunes, LGBTQI+ et de défense des droits des femmes, ce qui renforce leur capacité à relever plus efficacement les défis mondiaux. 

Entrer en contact avec des organisations qui travaillent dans des contextes extrêmement difficiles nous permet également de renforcer la solidarité dans le secteur et de trouver des moyens d’étendre notre soutien. Ces événements permettent également de collaborer avec des organisations internationales travaillant sur des questions similaires, ce qui apporte de nouvelles ressources pour soutenir les initiatives canadiennes en matière d’égalité des genres.

WD2023 et d’autres événements internationaux offrent également une plateforme aux OSC canadiennes pour amplifier les voix et les préoccupations des communautés qu’elles représentent. Elles peuvent inscrire leur travail dans le cadre de programmes mondiaux, attirer l’attention sur des questions précises, faire part de leurs réussites et plaider en faveur de changements politiques à l’échelle mondiale. Par exemple, le CanSFE a effectué un fabuleux travail en réunissant des OSC canadiennes sur la même plateforme que des décisionnaires canadiens dans le cadre d’une table ronde honnête, réfléchie et essentielle.

Point fort : le leadership des jeunes

WD2023 a rassemblé des organisations de défense des droits des femmes ainsi que des organisations dirigées par des jeunes, ce qui a permis de renforcer la solidarité dans le secteur et de créer un terrain d’entente sur des questions liées aux droits. La présence importante de jeunes leaders venant de toute l’Afrique et du monde entier dans de nombreux groupes de discussion était une nouveauté bienvenue et nécessaire. Les jeunes leaders, dont certains n’avaient que 11 ans, étaient au premier plan de la conférence, animant des groupes de discussion, menant des discussions lors des séances plénières et faisant part de leurs réflexions avec enthousiasme. Entendre parler de leurs réalisations et initiatives étonnantes en matière d’égalité des genres, de justice climatique et d’éducation a été une véritable source d’inspiration. 

Apprentissage clé : saisir le pouvoir de la population

La création d’espaces et de processus authentiques permettant aux connaissances et aux compétences locales de guider les programmes et l’élaboration des politiques a été un appel retentissant au cœur de la conférence. Les mouvements locaux ont un rôle essentiel à jouer et leur voix doit être entendue. En tant qu’organisations internationales, il est de notre devoir de leur conférer un pouvoir décisionnel. À ce titre, les praticien·nes des pays du Sud ont formulé des conseils précis à l’intention des ONG internationales et des gouvernements donateurs quant à l’importance de partager le pouvoir. 

Les différentes séances ont mis l’accent sur l’importance de participer à des dialogues communautaires constructifs et de favoriser des solutions de collaboration qui trouvent un véritable écho auprès des personnes qu’elles servent. En particulier, les femmes et les filles ont des expériences vécues qui comptent, et leur voix doit être entendue. Elles sont des expertes à part entière et devraient être engagées par les programmes en tant qu’expertes, et non en tant que bénéficiaires ou destinataires.

Certaines bonnes pratiques ont été mentionnées, dont l’intégration de la recherche menée par les femmes et les filles, le suivi et l’évaluation menés par les femmes et les filles ainsi que la création de mécanismes permettant aux femmes et aux filles de tenir les agences de mise en œuvre responsables des résultats convenus.

De nombreuses séances ont également abordé les pièges des intentions positives qui ne tiennent pas suffisamment compte du suivi ou qui ne se demandent pas si les conseils et les contributions des organisations de base sont réellement considérés dans la prise de décision.

Nous devons réfléchir de manière plus critique à la façon de pousser nos partenariats au-delà des efforts superficiels pour reconnaître et traiter les dynamiques de pouvoir inégales. L’engagement et les intentions sont essentiels. Ainsi, nous pourrons libérer le potentiel des organisations de base et ouvrir la voie à un avenir plus inclusif et efficace. 

Manque de diversité et d’inclusion

Il y a encore place à l’amélioration, et nous espérons que Women Deliver continuera sur cette lancée dans les années à venir. Tout au long de la conférence, nous avons constaté un manque de diversité des voix, et nous aurions aimé voir davantage de points de vue divergents et diversifiés, en particulier lors des grandes séances plénières. Malgré la présence de plusieurs délégué·es africain·es et leur participation à des groupes de discussion, très peu ont dirigé les discussions. En outre, la séance d’ouverture a accordé un espace à des personnes représentant des régimes de droite, autoritaires et opposés à l’égalité des genres, et le comité d’organisation de la conférence Women Deliver aurait dû en faire plus pour que cela ne se produise pas.

Malgré le grand nombre de séances proposées, plusieurs d’entre elles étaient très similaires. La conférence n’a pas donné lieu à de nouvelles approches ou méthodologies, et les séances ont plutôt confirmé la nécessité d’adopter une approche intersectionnelle et de continuer à se concentrer sur les approches adaptées au contexte, sur la localisation et sur la décolonisation. Nous avons également constaté avec étonnement que la conférence ne s’intéressait guère aux programmes LGBTQI+. En effet, seule une poignée de séances étaient consacrées à ce sujet, et la plupart d’entre elles étaient des événements parallèles organisés en dehors du programme officiel de la conférence.

Bien que de nombreuses personnes assistent à Women Deliver pour travailler en collaboration, plusieurs d’entre elles nous ont dit qu’elles ressentaient un manque d’inclusion. Toutes les personnes présentes n’avaient pas le même sentiment d’appartenance, et nous devons y prêter attention. Il faut insister davantage sur la nécessité de rendre ces espaces plus inclusifs et accessibles. 

Dans l’ensemble, les membres du groupe de travail ont conclu que leur expérience à la conférence WD2023 avait été précieuse. Une personne du groupe s’est d’ailleurs exprimée ainsi : « Nous pouvons continuer à tirer parti de l’expérience acquise dans ces espaces pour diffuser les apprentissages, développer de nouveaux partenariats et faire avancer notre travail ».

Publié:

août 17, 2023


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