(Re)penser l’avenir du développement international : réflexions du Festival futurs de la coopération internationale

Dans notre monde, le changement et l’entropie sont des réalités persistantes. Avec les marées sociales changeantes, la volatilité politique, les ralentissements et les reprises économiques ainsi que les catastrophes environnementales imminentes, tout notre monde tient précairement sur un fil délicat.

La nature toujours changeante et chaotique de nos réalités sociales, économiques, politiques et environnementales ainsi que leurs causes et conséquences interdépendantes exigent énormément de notre capacité à prévoir, à répondre, à nous adapter et à planifier notre avenir de façon durable et éthique.

Tout au long de l’histoire, le secteur de la coopération internationale (ci-après désigné sous le nom de secteur) a été un véhicule pour répondre aux crises mondiales et à leurs conséquences, notamment à la famine, à des inondations, à la guerre et à des pandémies. On pourrait avancer que le secteur est perpétuellement pris dans la roue du hamster de la crise et de la réponse, ce qui soulève la question suivante : comment dépasser le fait de continuellement offrir des réponses aux crises pour prévoir et faire preuve de proactivité dans nos interventions? Cette question centrale a été soulevée lors du Festival futurs de la coopération internationale tenu par Coopération Canada.

Je n’ai pas de réponse(s) à cette question. Toutefois, je suis très intéressée de découvrir les solutions possibles. Ce qui suit résume les messages et considérations clés que j’ai retenus de la conférence de quatre jours et qui peuvent aider à éclairer les solutions que nous cherchons :

Le statu quo n’est pas acceptable

Plusieurs panélistes à la conférence ont souligné l’inclinaison du secteur envers le statu quo. L’urgent besoin de nous séparer de cette inclinaison a également été exprimé alors que notre monde est très différent maintenant de ce qu’il a un jour été. Les contextes mondiaux qui changent et évoluent rapidement signifient que notre monde a besoin de nouvelles solutions à de nouveaux problèmes et de nouvelles structures pour produire et mettre en œuvre ces solutions. Pour le faire efficacement, nous devons repenser aux cadres qui guident notre travail et abandonner de vieux principes et approches qui ne servent plus notre objectif.

Nous avons besoin d’une révolution d’ingéniosité

La pression crée des diamants. Le caractère difficile de la pandémie a contribué à engendrer le début d’une révolution d’ingéniosité, une révolution qui doit se poursuivre jusqu’à ce qu’elle soit pleinement épanouie. Plusieurs des discussions entre spécialistes ont plaidé pour qu’on cherche et trouve des solutions aux problèmes de notre monde changeant dans les premières lignes. Les innovations les plus proactives et durables à la crise sanitaire actuelle, par exemple, ne viennent pas des tours d’ivoire du monde médical, mais plutôt du personnel infirmier, des travailleurs et travailleuses de la santé communautaire, des médecins et du personnel d’urgence qui travaillent aux premières lignes. 

Un transfert du pouvoir

Quelqu’un a affirmé que « personne n’agit différemment, car personne n’abandonne volontairement son pouvoir ». En d’autres termes, un des obstacles au travail de développement proactif et innovateur est le refus d’abandonner ou de transférer le pouvoir. Les panélistes étaient majoritairement d’accord pour dire que plus de pouvoir et surtout, plus de confiance devraient être accordés aux communautés locales dans lesquelles les ONGI travaillent. Cela accorderait une plus grande agentivité aux partenaires communautaires et entraînerait la création de solutions plus proactives et durables aux problèmes locaux.

Re(penser) notre raison d’être

Dans la recherche de solutions potentielles, nous devons (ré)examiner et (re)penser la raison d’être même du développement. Cela nécessite un discours et un dialogue continuels. Le Festival futurs de la coopération internationale de Coopération Canada était une plateforme idéale pour amorcer des dialogues dans l’ensemble du secteur. Il ne tient qu’à nous de poursuivre ces conversations ouvertes et de prendre les mesures nécessaires vers de nouvelles façons d’effectuer notre travail.

Sophia Mirzayee est une Canadienne afghane de deuxième génération qui est passionnée par la justice sociale, l’éducation à la citoyenneté mondiale et la mobilisation des jeunes. Elle est agente de l’éducation et de la mobilisation des jeunes à la Fondation Aga Khan Canada. Cliquez ici pour entrer en contact avec Sophia sur LinkedIn.

Publié:

novembre 9, 2022


Auteur:

Sophia Mirzayee


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