Surmonter les obstacles : protéger la SDSR en temps de crise

Santé sexuelle et reproductive en contexte de crise humanitaire

Partout dans le monde, les femmes et les filles sont confrontées à d’innombrables obstacles qui les empêchent d’accéder à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) et aux services connexes. Lorsque les conflits, les catastrophes naturelles, les urgences en matière de santé publique et les autres crises humanitaires s’ajoutent à cela, ces obstacles augmentent de manière exponentielle. Dans un contexte de crise humanitaire, les établissements de santé sont souvent inaccessibles, endommagés ou détruits; les chaînes d’approvisionnement sont interrompues, ce qui limite l’accès à la contraception et à d’autres traitements liés à la SSR, notamment la thérapie antirétrovirale pour les personnes vivant avec le VIH; et les services essentiels de santé sexuelle et reproductive sont perturbés, y compris les soins en cas d’avortement et après l’avortement, les soins prénatals et postnatals, et les interventions de prévention et de lutte contre la violence fondée sur le genre. En outre, les ressources sont souvent détournées des services de SSR en place pour répondre à la crise, ce qui peut entraîner une pénurie de professionnel·les de la santé et de ressources.

Les conséquences sont dévastatrices. Sans accès à des informations et à des services sexuels adéquats, les crises humanitaires peuvent accroître le risque de grossesses non désirées, d’avortements à risque, d’infections sexuellement transmissibles et de mortalité maternelle. Par exemple, 60 % des décès maternels évitables surviennent en contexte de crise humanitaire. Pourtant, bien qu’il soit prouvé que l’accès aux services de SDSR est essentiel pour protéger et sauver la vie des femmes et des filles dans ces contextes, les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive continuent d’être négligés lors des interventions d’aide humanitaire. 

Alors que le monde se réunit pour célébrer la Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous réfléchissons au rôle essentiel du Canada et son engagement pour garantir l’accès à des services de SDSR vitaux en situation de crise humanitaire. 

L’engagement du Canada pour la promotion de la SDSR dans l’action humanitaire

L’engagement du Canada à intégrer la SDSR dans le contexte de crise humanitaire témoigne de son dévouement indéfectible à la cause de l’égalité des genres. Grâce à la Politique d’aide internationale féministe (PAIF) et à des interventions d’aide humanitaire tenant compte de la dimension du genre, le Canada vise à remédier aux disparités critiques dans la prestation des services les plus négligés et les plus susceptibles d’être suspendus en situation d’urgence et de pénurie de ressources. 

En 2019, le gouvernement du Canada a annoncé un engagement historique de financement sur dix ans pour faire avancer la santé et les droits des femmes et des filles dans le monde entier, avec un investissement annuel de 700 millions de dollars consacré à quatre des domaines les plus sous-financés et les plus négligés de la SDSR. Cet engagement s’appuie sur une décennie d’investissements antérieurs, dont 2,85 milliards de dollars dans le cadre de l’initiative de Muskoka et 650 millions de dollars dans le cadre de l’initiative Sa voix, son choix.

En pratique 

L’aide renouvelée du Canada aux femmes et aux filles dans des pays comme la Syrie, l’Irak, la Jordanie, le Liban, le Yémen et la Libye illustre les effets tangibles de son engagement à placer les soins de santé sexuelle et reproductive au premier plan de ses interventions. Les initiatives visant à prévenir et à réagir la violence fondée sur le genre, la prestation de soins obstétriques d’urgence et la distribution d’équipements et de médicaments essentiels aux établissements de santé sont indispensables pour donner aux femmes les moyens d’être des agentes de changement en cas de crise.

Les interventions d’aide humanitaire du Canada privilégient une approche transversale de l’égalité des genres, laquelle mobilise les femmes par le biais de consultations avec les partenaires de mise en œuvre afin d’intégrer leur point de vue dans l’évaluation des besoins, la mise en œuvre des programmes ainsi que le suivi et l’évaluation des données pour mener à bien le redressement et la reconstruction après une crise.

Le financement du travail de différentes organisations de la société civile (OSC) illustre cette approche, comme l’initiative Aucune femme ou fille laissée pour compte de Partenaires en santé Canada au Malawi et en Sierra Leone et le projet Faire avancer la santé sexuelle et reproductive à Cabo Delgado (SPARC) de la Fondation Aga Khan Canada au Mozambique. Ces deux projets démontrent l’importance de maintenir la SSR en première ligne des crises. Grâce à leur expertise dans les contextes locaux, les OSC sont en mesure de fournir des services complets, fondés sur des données probantes, sensibles à la culture et axés sur la communauté, afin de répondre aux besoins spécifiques des femmes et des filles et de les protéger.

Même si le Canada accorde la priorité au genre et reconnaît les effets genrés des crises humanitaires dans les interventions d’urgence internationales, cette dimension est souvent absente en pratique dans le contexte local. Un exemple notable est la réponse nationale du Canada à la pandémie de COVID-19, qui n’est pas parvenue à intégrer de manière adéquate la dimension de genre.

Appel à l’action 

Bien que le Canada soit reconnu pour son leadership mondial dans l’amélioration des pratiques humanitaires visant à repérer et à soutenir les populations vulnérables, il y a encore du chemin à faire. Pour tirer parti des progrès réalisés, le Canada doit continuer à investir les ressources nécessaires pour garantir la prise en compte systématique de l’égalité des genres dans toutes les interventions d’aide humanitaire.

En cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous soutenons les recommandations du Comité permanent des affaires étrangères du gouvernement du Canada concernant l’approche du Canada en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs. Notamment, le gouvernement continue de promouvoir l’intégration de l’ensemble minimal de services initiaux (EMSI) pour la SDSR dans le cadre de son aide internationale pour le renforcement des systèmes de santé, tant pour ce qui est de son aide humanitaire immédiate que de son aide humanitaire continue. Cet effort est essentiel pour soutenir les femmes et les filles pendant toutes les phases du continuum de l’aide humanitaire, soit le déclenchement de la crise, la crise en tant que telle, le rétablissement et le développement à long terme.

L’engagement du Canada à inclure la dimension du genre dans sa réponse humanitaire est puissant, mais un renforcement de son application sur le plan national pourrait avoir un effet transformateur. En renforçant cet engagement ici même, le leadership du Canada en matière de SDSR pourrait établir une nouvelle norme en situation de crise dans le monde entier.

Publié:

août 19, 2023


Auteur:

CanWaCH


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