Journée mondiale de la santé mentale : faire de la santé mentale une priorité dans les programmes d’égalité des genres et de santé

Le 10 octobre, nous soulignons la Journée mondiale de la santé mentale – une occasion importante de sensibiliser la population et de mobiliser du soutien en faveur de la santé mentale dans le monde. C’est également l’occasion parfaite de réfléchir à la manière dont les programmes d’égalité des genres et de santé peuvent mieux intégrer les besoins en santé mentale, en veillant à ce que les soins en santé mentale soient une priorité, et non une considération secondaire, dans les contextes de développement et d’intervention d’urgence à l’échelle mondiale. 

Comprendre la santé mentale

La santé mentale englobe le bien-être émotionnel, psychologique et social des gens. Elle affecte notre façon de penser, de ressentir et d’agir, et joue un rôle crucial dans la façon dont nous gérons le stress, prenons des décisions et interagissons avec autrui. Avoir une bonne santé mentale est un élément crucial au bien-être général d’une personne tout au long de sa vie. Elle nous soutient dans nos activités quotidiennes et nous aide à vivre des relations épanouissantes, tout en nous permettant de nous adapter aux changements et de surmonter les difficultés. À l’inverse, avoir une santé mentale précaire peut nous rendre plus vulnérables aux problèmes de santé physique et affaiblit notre système immunitaire. Elle peut également renforcer les inégalités systémiques, telles que les obstacles à la réussite professionnelle ou scolaire, la marginalisation sociale et les désavantages économiques. 

Malheureusement, la santé mentale est souvent stigmatisée. Les attitudes, croyances et comportements négatifs à l’égard des personnes ayant des troubles de santé mentale et d’autres problèmes liés à la santé mentale peuvent conduire à de la discrimination sur le plan de l’éducation, de l’emploi ou des soins de santé et accroître ainsi les sentiments de marginalisation, de culpabilité et de honte. Cette stigmatisation rend plus difficile de recevoir de l’aide, ce qui menace encore davantage le bien-être des personnes concernées. Il est essentiel de combattre la stigmatisation entourant la santé mentale pour bâtir des communautés inclusives et améliorer les résultats en matière de santé. 

Intégrer la santé mentale à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR)

La santé mentale est intrinsèquement liée à la santé générale et au bien-être des populations et devrait être intégrée aux programmes de santé pour assurer une approche holistique et efficace. Cela est particulièrement le cas pour les programmes de SDSR. Par exemple, les problèmes de santé mentale tels que la dépression et l’anxiété pendant la grossesse et la période post-partum affectent négativement les mères et les bébés et conduisent à une mauvaise prise en charge prénatale, à des complications telles que des naissances prématurées, ainsi qu’à des problèmes de développement chez l’enfant. Le VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS) exercent une double pression sur les personnes atteintes, qui courent un risque plus élevé de dépression et d’anxiété en raison de leur nature chronique et de la stigmatisation qui y est associée, ce qui nuit à l’observance des traitements. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) chez les survivant·e·s de violences sexuelles persiste longtemps après la guérison des blessures physiques. Les adolescent·e·s sont également particulièrement vulnérables aux problèmes de santé mentale liés aux SDSR, tels que l’anxiété et la dépression, résultant de grossesses non désirées, d’ITS et de violences sexuelles.

Les différences fondées sur le genre ajoutent des niveaux supplémentaires de complexité dans la prise en charge des besoins en santé mentale, en particulier pour les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre marginalisées. Une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles. Les normes socioculturelles néfastes, qui minimisent les besoins de santé des femmes, les retards dans les soins prénataux et postnataux, ainsi que la honte et la stigmatisation liées à la santé mentale, affectent les capacités des communautés à répondre aux besoins de la population et découragent les personnes à accéder aux services de santé.

Il existe plusieurs manières pour les organisations d’intégrer la santé mentale à leurs programmes, en particulier les programmes de SDSR. Prenons à titre d’exemple Plan International, qui adopte une approche inclusive et sensible au genre pour répondre aux problèmes de santé mentale, allant des services de base aux soins spécialisés. 

Niveau 1 : Les services de base respectueux et la sécurité sont indispensables. Il importe que les services de base tels que la nourriture, l’hébergement, l’eau et les soins de santé soient fournis de manière sécuritaire, participative et culturellement adaptée. Dans le cadre de ses programmes, Plan International mobilise les membres de la communauté pour planifier les distributions, apporter du soutien inclusif et culturellement approprié à la population, former le personnel sur les politiques de protection et le principe « ne pas nuire », donner accès à de l’information adaptée aux enfants et aux adolescent·e·s et revendiquer des services sécuritaires, respectueux de la dignité et des droits des personnes et accessibles à tout le monde, en particulier les filles. 

Niveau 2 : Les mesures de soutien aux communautés et aux familles, souvent menées par les communautés elles-mêmes, mobilisent les personnes impliquées telles que les parents, les enseignant·e·s et les travailleur·euse·s de la santé pour garantir l’inclusion et l’intérêt supérieur de tout le monde. Parmi les exemples, on trouve la diffusion d’informations sur la gestion du stress adaptées aux enfants et aux adolescent·e·s, le soutien psychosocial communautaire, la création d’espaces sécurisants pour les enfants, une éducation complète à la sexualité et l’éducation entre pairs sur les SDSR.

Niveau 3 : Le soutien ciblé non spécialisé comprend des soins adaptés pour les enfants et les personnes ayant besoin d’une attention particulière. On peut citer en exemples les activités structurées, comme les programmes de développement des habiletés fondamentales pour les adolescent·e·s et les premiers secours psychosociaux (PSP) pour veiller à la sécurité, à la dignité et aux droits des personnes. Plan International utilise la thérapie interpersonnelle (TIP), une approche fondée sur des données probantes, qui est conduite par des facilitateur·trice·s non cliniques de la communauté.

Niveau 4 : Les soins spécialisés incluent les soins pour les personnes ayant des troubles de santé mentale complexes dispensés par des professionnel·le·s de la santé mentale. Parmi les exemples, on trouve la collaboration avec les pays et les ministères de la Santé en matière de services de santé mentale, notamment pour les initiatives de renforcement des systèmes de santé et pour la formation de professionnel·le·s de la santé à la prestation de services inclusifs et sensibles à l’âge et au genre.

La santé mentale en situation d’urgence

La santé mentale est essentielle au bien-être général des gens. Elle doit être reconnue et traitée avec autant d’empressement et d’attention que les problèmes de santé physique, dans tous les contextes, à la fois de développement et de situation d’urgence. 

Les situations d’urgence menacent la sécurité, exacerbent les vulnérabilités et fragilisent les capacités d’adaptation des gens. Lorsqu’elles surviennent, les communautés peuvent avoir du mal à répondre aux besoins de base, à protéger les personnes vulnérables et à préserver la cohésion sociale, ce qui entraîne de nouveaux risques pour la santé et une détresse psychologique accrue. Il est essentiel de mettre en avant la santé mentale, le bien-être et le besoin de protection des individus, des familles et des communautés avant, pendant et après les situations d’urgence pour assurer une récupération et une résilience à long terme. 

Voici trois initiatives de la Croix-Rouge canadienne qui mettent en lumière des domaines d’intervention prioritaires pour répondre aux besoins en santé mentale lors des situations d’urgence :

Soutien direct : La Croix-Rouge canadienne apporte du financement au Clinical Hospital of Emergency and Intensive Care de Lviv afin de soutenir un programme donnant accès à de la thérapie ainsi qu’à du soutien en santé mentale et psychosocial pour les survivant·e·s de la guerre en Ukraine. Une équipe diversifiée de psychothérapeutes de l’Ukraine leur apporte du soutien à l’aide de différentes approches thérapeutiques, selon les besoins uniques de chaque personne. Ce programme est soigneusement mis en œuvre et comprend des consultations régulières avec notre équipe responsable de la protection, de l’égalité des genres et de l’inclusion pour promouvoir l’égalité d’accès, la sécurité et la disponibilité des services pour toutes les personnes, peu importe leur genre ou leur situation.

Renforcement des capacités : La Croix-Rouge canadienne offre des cours de premiers soins psychosociaux aux membres du personnel, aux individus et aux partenaires communautaires. Elle vise à renforcer les capacités locales en montrant aux professionnel·le·s de la santé non formé·e·s en santé mentale comment minimiser la détresse psychologique subie par les personnes et les familles touchées par une catastrophe ou une situation de crise. 

Conseils techniques : La Croix-Rouge canadienne conçoit des protocoles d’intervention de manière collaborative et met en place des équipes opérationnelles conjointes avec les leaders autochtones, les agences fédérales, provinciales et municipales, ainsi que les organisations communautaires. Cette planification garantit l’adoption d’une approche cohérente en matière de santé mentale et de soutien psychosocial qui tient compte de l’égalité des genres et de l’inclusion sociale et favorise une réponse rapide et coordonnée aux crises qui surviennent.

À travers cette réflexion sur l’importance de la Journée mondiale de la santé mentale, l’urgence d’intégrer la santé mentale dans tous les programmes de SDSR transformateurs en matière d’égalité des genres, dans les contextes de développement comme dans les contextes humanitaires, devient plus évidente que jamais. En plaçant les soins de santé mentale au cœur des programmes, nous favorisons la création d’un environnement bienveillant où chaque personne peut rebâtir sa vie avec dignité, soutien et respect. La prise en charge de la santé mentale doit être acceptée, équitable, adaptée et efficace, et tenir compte des besoins individuels, afin de ne laisser personne de côté.

Pour en savoir plus sur le travail en santé mentale de Plan International et de la Croix-Rouge, veuillez écrire à Aaliya ou à Laurie.

Autrices : Aaliya Bibi, conseillère principale pour la santé, Programmes internationaux, Plan International Canada; Laurie Bissonnette, gestionnaire, Santé mentale et soutien psychosocial, Croix-Rouge canadienne

Publié:

octobre 10, 2024


Auteur:

Aaliya Bibi, Senior Health Advisor, International Programs at Plan International Canada; Laurie Bissonnette, Manager, Mental Health and Psychosocial Support at the Canadian Red Cross


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