Les hommes se lèvent pour la santé maternelle et infantile en Éthiopie

Il y a un peu plus de cinq ans seulement, le gouvernement canadien s’est engagé à améliorer la santé des mères et des enfants lors du sommet du G8 à Huntsville. Avec l’appui de cette initiative, Amref Health Africa s’est fixé comme objectif d’améliorer la santé maternelle, néonatale et infantile dans la zone éloignée du sud Omo, en Éthiopie, où le manque de fournitures et de demande reliées aux soins de santé était un facteur clé des taux élevés de mortalité maternelle et infantile.

Amref Health Africa a fait d’importants progrès en travaillant avec les communautés du sud Omo pour améliorer la santé des mères et des bébés au cours des trois dernières années. Parmi les faits saillants : plus de 600 travailleurs de la santé formés traitent les complications liées à la grossesse et à l’accouchement; de robustes réseaux de référence et de répartition des ambulances ont desservi plus de 6 300 cas; plus que jamais, les femmes enceintes veulent obtenir des soins de santé avant, durant et après l’accouchement; et plus de 10 000 enfants ont été immunisés contre des maladies potentiellement mortelles.

Ces réalisations, qui peuvent sembler minimes, sont indissociables des progrès importants qui ont été réalisés pour maintenir en vie les mères et les enfants à l’échelle mondiale. Le Rapport 2015 sur les objectifs du Millénaire pour le développement montre que depuis 1990, le taux de mortalité maternelle a diminué de 45 % à l’échelle mondiale, et ce majoritairement depuis 2000. Le plus surprenant est probablement que le taux de mortalité des moins de cinq ans a réduit de plus de 50 % à l’échelle mondiale, passant de 90 à 43 décès par 1 000 naissances vivantes entre 1990 et 2015.

Avec les progrès constants réalisés en santé maternelle et infantile vient le besoin de confronter et de transformer les normes relatives aux sexes afin de faire participer les hommes en tant que partenaires dans la santé de leur famille. Dans le sud Omo, ceci signifie éduquer les hommes non seulement sur l’importance des soins de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, mais également sur les avantages des prises de décision partagées dans le contexte plus large de l’égalité des sexes. La preuve démontre qu’éduquer les hommes au sujet de la santé familiale améliore la communication entre eux et leur partenaire féminine à propos de sujets comme la santé des femmes enceintes et la vaccination des enfants. De plus, les hommes bien informés sur la santé reproductive sont plus susceptibles de faire de meilleurs choix pour eux-mêmes, leur partenaire et leur famille.

Alors que le projet d’Amref Health Africa tirait à sa fin, je me suis rendu dans le sud Omo, où j’ai pu constater comment la participation des pères affectait la santé des mères.

J’ai visité le seul hôpital de la vaste, distante et incroyablement éloignée zone du sud Omo. L’établissement se situe dans la ville de Jinka et dessert près de 630 000 personnes. Lors de ma visite, je suis passé par l’aile d’attente de la maternité, où les femmes ayant un haut risque de vivre des complications à l’accouchement passent les dernières semaines de leur grossesse. C’est là que j’ai rencontré Tarikua Gatso (30 ans) et son mari Gediyon Dari (35 ans). En parlant avec Tarikua et Gediyon, je me suis dit que l’expérience de ce couple personnifiait les résultats de tous les efforts déployés pour faire participer les hommes à la grossesse de leur partenaire et pour faire évoluer l’égalité entre les sexes.

Deux semaines avant, et à 43 kilomètres de l’hôpital de Jinka, dans leur village de Tolita, Gediyon avait accompagné sa femme Tarikua à une visite prénatale régulière au poste de santé local. Là, un travailleur de la santé a détecté que le bébé était peut-être mal positionné. Il a référé Tarikua au centre de santé régional le plus près de chez elle, où une sage-femme a pu l’examiner pour ensuite la référer à l’hôpital de Jinka, où elle a pu recevoir les soins nécessaires. Tarikua et Gediyon ont effectué les 43 kilomètres les séparant de l’hôpital de Jinka en utilisant le système de répartition des ambulances rendu possible par le projet. À l’hôpital, un médecin a pu confirmer à l’aide d’un appareil à ultrasons que le bébé était en effet mal positionné. Tarikua fut admise à l’aile d’attente de la maternité pour que le personnel puisse vérifier la position du bébé durant l’accouchement et effectuer une césarienne au besoin.

Bien que le séjour à l’aile d’attente de la maternité soit gratuit, les patients sont responsables de services tels que la lessive et l’alimentation. Gediyon m’a confié qu’il s’occupait de sa femme enceinte depuis deux mois. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il avait décidé de rester avec sa femme à l’aile d’attente de la maternité, il m’a répondu ainsi : « Si je la laisse seule à l’hôpital, qui l’aidera? Elle est loin du village et je peux l’aider en lui préparant des repas et en m’assurant que ses vêtements sont propres. Lorsque nous nous sommes mariés, nous avons choisi de nous soutenir dans les bonnes périodes comme dans les plus difficiles. Dans la vie, elle m’aide et je l’aide. »

 

Kevin O’Neill est le directeur des programmes d’Amref Health Africa au Canada, une organisation de développement international qui s’associe à des communautés en Afrique pour accomplir un changement durable.

Publié:

novembre 24, 2015


Auteur:

Kevin O'Neill, Amref Health Africa in Canada


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