La population de la Floride est désormais confrontée à des obstacles pour obtenir des soins médicaux après l’entrée en vigueur de l’interdiction des interruptions volontaires de grossesse après six semaines en mai 2024. Depuis, des applications comme Aya Contigo, qui fournit une assistance par clavardage en matière d’avortement et de contraception dans les 50 États, ont vu leur utilisation monter en flèche pour aider les internautes à accéder à des informations cruciales souvent censurées en ligne.
Les avortements n’ont pas cessé en raison des restrictions légales. En 2023, l’avortement par médicaments représentait 63 % de tous les avortements déclarés aux États-Unis, selon le Guttmacher Institute. En outre, la National Abortion Federation (NAF) a fait état d’une augmentation de 575 % du nombre de personnes qu’elle a aidées par l’intermédiaire de son service d’assistance téléphonique pour les déplacements liés à l’avortement.
De nombreuses personnes n’ont pas les moyens de se déplacer
Dans la réalité, les déplacements ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Cette situation affecte toutes les personnes susceptibles de tomber enceintes et frappe plus durement les communautés noires, latinos et autochtones, déjà touchées par le racisme systémique et l’injustice économique.
Des obstacles se dressent devant elles, dont la nécessité de trouver un moyen de transport, de faire garder leurs enfants et de prendre congé pour subir l’intervention et se reposer au besoin. Les femmes se procurent donc des médicaments pour gérer elles-mêmes leur avortement par médicaments à la maison.
Aya Contigo est une doula virtuelle canadienne de l’avortement, plusieurs fois primée, qui aide les internautes à s’y retrouver dans le processus d’avortement par médicaments que préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est accessible en anglais et en espagnol, ce qui permet d’aider les personnes qui ont de la difficulté à accéder aux ressources en raison de barrières linguistiques. Ce groupe comprend également des personnes dont le statut de migrant complique l’accès aux soins de santé.
Toute personne disposant d’un téléphone peut accéder à des informations sur la manière d’avorter en toute sécurité en utilisant la mifépristone et le misoprostol ou uniquement le misoprostol. Cela réduit les coûts économiques et aide les personnes à qui l’on refuse l’avortement.
Interdire l’avortement a des conséquences néfastes à long terme
Selon l’étude Turnaway de l’UCSF, 75 % des personnes à qui l’avortement a été refusé ont vécu sous le seuil de pauvreté durant les cinq années suivantes, ont eu plus de mal à payer leurs frais de subsistance de base, et les cas de faillite et d’expulsion ont augmenté de 81 % chez elles.
Sur le plan psychologique, les personnes qui voulaient se faire avorter et à qui l’avortement a été refusé « font état d’un niveau de stress et d’anxiété plus élevé, d’une estime de soi plus faible et d’une moindre satisfaction à l’égard de la vie » que celles qui ont eu recours à l’intervention.
C’est pourquoi il est nécessaire de donner aux gens les moyens de prendre leurs propres décisions en matière de procréation et d’exercer leur droit à l’autonomie corporelle.
Les entreprises de technologie féminine ont besoin de financement
La demande croissante de solutions axées sur la santé est à l’origine de l’essor des entreprises de technologie féminine. Ce terme définit les logiciels et les services conçus pour répondre aux besoins des femmes en matière de santé, et Aya Contigo en fait partie. Sa conception centrée sur les destinataires vise à rendre l’avortement accessible, même dans les situations les plus difficiles.
Depuis son lancement en 2022 au Venezuela, où l’avortement est illégal, plus de 8 000 personnes ont accédé à l’application. Elle a été lancée aux États-Unis en novembre 2023 et, depuis l’interdiction imposée en Floride, le nombre d’utilisateurs et d’utilisatrices a augmenté de 500 %.
Malgré leur potentiel, les entreprises de technologie féminine peinent à obtenir un financement adéquat. Selon McKinsey, elles ne reçoivent que 3 % de l’ensemble du financement consacré à la santé numérique et le Forum économique mondial signale que les jeunes entreprises fondées par des femmes ne reçoivent que 2 % du capital-risque total investi dans les jeunes entreprises soutenues par des sociétés de capital-risque.
Les entreprises de technologie féminine se tournent donc vers des stratégies telles que le sociofinancement pour contourner le manque d’investissements traditionnels. Ainsi, toute personne peut investir dans les solutions numériques dont elle a besoin, tout en contribuant à favoriser l’accès de milliers d’individus aux soins de santé sexuelle et reproductive entravés par des obstacles juridiques.
Pour en savoir plus sur les initiatives d’Aya Contigo et de Vitala Global visant à élargir l’accès à l’avortement sans risque et à la santé sexuelle, cliquez ici.
Publié:
septembre 9, 2024
Auteur:
Gabriela Caldera, Vitala Global
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