Le CanSFE à l’Assemblée générale des Nations Unies : récapitulatif et points clés

Quand : 10 au 24 septembre 2024 (le CanSFE était présent du 22 au 26 septembre)

Où : New York, NY

Organisé par : les Nations Unies

La 79e Assemblée générale des Nations Unies (AGNU 79) était axée sur des défis mondiaux urgents et avait pour thème « la paix, la sécurité et le développement durable ». Les principales discussions ont porté sur la réponse aux changements climatiques, la santé mondiale, la réduction de la pauvreté et la résolution des conflits. Les leaders et les délégué·e·s ont souligné l’importance de la coopération multilatérale, en particulier dans la réponse aux catastrophes climatiques et aux menaces à la santé mondiale. 

Les effectifs en santé et la gestion des crises

  • Selon les estimations, il y aura un manque de 10 millions de travailleur·euse·s de la santé d’ici 2030, dont 6 millions rien qu’en Afrique. Cette pénurie est exacerbée par les pressions psychologiques et physiques exercées sur les effectifs actuels, conduisant à une crise dans les soins de santé.
  • Des initiatives, telles que les projets financés par la Fondation Bill et Melinda Gates au Nigéria, mettent l’accent sur l’optimisation, la formation et l’accréditation du personnel de santé. Les retours sur investissement dans les soins de santé (un retour de deux à quatre dollars pour chaque dollar investi) démontrent les avantages économiques qu’il y a à combler cette lacune.
  • Un accent particulier a été mis sur les mesures innovantes et protectrices pour les travailleur·euse·s de la santé, y compris les intervenant·e·s de première ligne.

Les soins de santé en tant que priorité économique et stratégique

  • Il est essentiel de voir les investissements en soins de santé comme des vecteurs de la santé et la sécurité économiques pour assurer une croissance durable.
  • Les organisations multilatérales doivent explorer des solutions de financement innovantes et optimiser leurs ressources actuelles.
  • Les acteurs du secteur privé sont appelés à contribuer en apportant non seulement du financement, mais aussi leur expertise, notamment en matière de logistique et de gestion de la chaîne d’approvisionnement, afin de répondre aux problèmes aggravés par les changements climatiques et les crises.

Les croisements entre les changements climatiques et la santé

  • Il est urgent de préparer les systèmes de soins de santé à résister aux événements extrêmes liés au climat, car les changements climatiques accélèrent les crises sanitaires existantes.
  • L’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement est essentiel, en particulier dans les régions vulnérables, et a une incidence directe sur la prestation des soins de santé. Il existe des lacunes urgentes, en particulier dans des régions telles que le Madagascar.

La résistance aux antimicrobiens (RAM) et la sécurité sanitaire mondiale

  • La RAM est décrite comme une « pandémie lente » qui menace la sécurité sanitaire mondiale. Des leaders, dont la première ministre de la Barbade Mia Amor Mottley, insistent sur la nécessité d’une intervention globale.
  • L’accent a été mis sur la nécessité de briser les cloisonnements pour répondre à la RAM, aux changements climatiques et autres enjeux mondiaux connexes par une collaboration holistique et multipartite. 
  • L’importance de recueillir des données fiables et à jour pour assurer une coordination efficace des efforts a également été soulignée. 

Le renforcement du pouvoir des femmes et les objectifs transversaux de développement 

  • Sans ressources suffisantes en eau, assainissement et hygiène (EAH), les investissements dans le renforcement du pouvoir des femmes, la santé et les droits sexuels et reproductifs et l’éducation risquent d’être vains, car le manque d’eau potable peut effacer les acquis de développement.
  • Les partenariats multipartites et intersectoriels sont cruciaux pour surmonter les obstacles d’accès et veiller à ce que les ressources parviennent efficacement aux personnes qui en ont besoin.

Le CanSFE a eu le privilège de co-organiser un événement avec MSI Reproductive Choices, SheDecides, FP2030, le gouvernement du Canada et le gouvernement du Népal, axé sur le pouvoir du choix en matière de reproduction dans un contexte mondial. Parmi les conférencier·ère·s présent·e·s :

  • L’honorable Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, Canada
  • L’honorable Arzu Rana Deuba, ministre des Affaires étrangères, Népal 
  • La ministre Anne Beathe Tvinnereim, ministre du Développement international, Norvège
  • Lotte Machon, secrétaire d’État chargée des politiques de développement, ministre des Affaires étrangères, Danemark
  • Lord Collins of Highbury, sous-secrétaire d’État parlementaire (Afrique), Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, Royaume-Uni
  • Aparajita Ramakrishnan, directrice de la planification familiale, Fondation Bill et Melinda Gates
  • Miles Kemplay, directeur général, SDSR, Children’s Investment Fund Foundation
  • Dr Hans Kluge, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Europe
  • Dr Samu Dube, directeur général, FP2030
  • Simon Cooke, président-directeur général, MSI Reproductive Choices
  • Building Health Workforce Resilience: Preparing for Tomorrow’s Climate and Health Crises. Organisée par : CARE États-Unis, Chemonics, IntraHealth International, Johnson & Johnson, Pathfinder International, Project HOPE, Living Goods, Seed Global Health et Smile Train. 
  • Ensuring Sustainable Access to Antibiotics: From UNGA to Impact. Organisée par : AMR Action Fund, la Fondation Bill et Melinda Gates, CDC-Afrique, IDSA, CDC États-Unis, ICARS, FIND, IFPMA, Global AMR R&D Hub et One Health Trust. 
  • From Risk to Resilience: Unlocking Climate Financing for Local Health Adaptation. Organisée par : Foreign Policy.
  • Adolescent Sexual and Reproductive Health and Rights: Advancing the Agenda for a Sustainable Future. Organisée par : FP2030, Guttmacher, JHU, PLAN, l’OMS, l’UFPA, Women Deliver, PMNCH, HRP, le gouvernement de l’Irlande et le gouvernement de la Colombie. 
  • The Challenge of Greening the Humanitarian Response. Organisée par : Action contre la faim. Présentation d’un nouvel outil d’innovation sociale : REact.  

En réfléchissant à l’AGNU de cette année, un sentiment d’inquiétude persiste en nous. Le Sommet de l’avenir a permis de nous pencher sur les crises existentielles profondes auxquelles nous faisons face : climat, santé, inégalités, etc. Et pourtant, la réponse internationale nous a semblé effacée. Les gouvernements, les États membres et les décisionnaires avaient parfois l’air paralysés, comme s’ils peinaient à se montrer à la hauteur des enjeux du moment. Ce ne sont pas les solutions qui manquent – les ONG et les organismes de terrain comme les nôtres se préparent depuis toujours à affronter des situations comme celles-ci. Nous sommes prêts. Nous accomplissons ce travail depuis des décennies. Mais nous avons besoin de la confiance des gouvernements envers nous et entre eux à l’échelle planétaire pour vraiment pouvoir y arriver. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons progresser avec l’urgence que requièrent ces crises.

À la fin de l’AGNU, nous sommes repartis avec plus de questions que de réponses. À voir la mine des autres personnes du secteur, nous sentions qu’elles partageaient nos sentiments. L’une des questions les plus pressantes est la suivante : à quel point avons-nous besoin que la population générale se batte à nos côtés? Nous avons du travail à faire sur ce plan. Mobilisons-nous vraiment la population générale dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) ou les Nations Unies sont-elles en train de devenir un espace réservé à des discussions élitistes coupées de la réalité des citoyen·ne·s ordinaires? Il est difficile de ne pas ressentir que nous vivons une époque différente, une époque où la croyance collective en un changement positif semble moins palpable que pendant les périodes de leadership mondial passées, comme l’ère du « Yes We Can » d’Obama ou les débuts de la « voie ensoleillée » de Trudeau. Le discours public semble aujourd’hui dominé par l’incertitude.

En 2024, la moitié de la population mondiale a ou a eu le pouvoir de voter. Quelle influence cela a-t-il sur le contexte mondial? Que faudra-t-il pour que les gens exigent les changements qui sont tant nécessaires auprès de leurs gouvernements?

Néanmoins, au sein de la communauté de la santé mondiale, un sentiment de progrès tangible est bien présent. Notre secteur est devenu une machine sophistiquée, et cette sophistication est une réponse directe aux crises croissantes auxquelles nous faisons face. Il s’agit d’une évolution à la fois remarquable et nécessaire, parce que nous avons l’expertise, les ressources et les moyens financiers pour relever ces défis. 

Prenons l’exemple du leadership du Canada dans la lutte pour éradiquer la polio. Il s’agit d’une preuve tangible de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque gouvernements, chercheur·euse·s et organisations de santé mondiale unissent leurs forces. Mais pourquoi la polio? Qu’est-ce que cette maladie avait de particulier pour susciter une réponse aussi unifiée et efficace, et quels aspects de cette réponse pouvons-nous isoler et appliquer à d’autres enjeux de santé mondiale?

La solidarité mondiale est la seule voie à suivre. La diplomatie en matière de santé doit être au cœur de cet effort. L’interconnexion de notre monde est indéniable, et il est plus clair que jamais que la santé de chacun·e est liée à celle de tout le monde.

Il est tout aussi évident que notre secteur doit continuer de se mobiliser dans ces forums pour que ces enjeux demeurent au cœur des préoccupations mondiales. En parallèle, nous devons continuer de sensibiliser les Canadien·ne·s et de leur rappeler pourquoi ces enjeux les concernent également. 

Le Canada a une chance unique : celle de prendre les devants, de faire entendre sa voix et de poser des actions fortes. Notre voix porte, et c’est le moment de la faire résonner. Nous devons nous montrer à la hauteur de ce défi et nous affirmer comme leaders sur la scène internationale, non seulement parce que c’est la bonne chose à faire, mais parce que la santé de notre monde en dépend.

Publié:

octobre 4, 2024


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