La session annuelle la Commission de la condition de la femme (CSW), qui se déroule sur deux semaines, est le plus grand rassemblement des Nations Unies consacré à l’égalité des genres et au renforcement du pouvoir des femmes. Elle rassemble des gouvernements, des organisations de la société civile, des spécialistes et des militant·es du monde entier pour faire le point sur les progrès accomplis, cerner les défis à relever, examiner les politiques en place et établir des normes mondiales autour d’un thème prioritaire.
Alors que la communauté internationale souligne cette année le trentième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69) a permis de faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de cet important cadre politique mondial. Celle-ci s’est déroulée au siège des Nations Unies à New York du 10 au 21 mars 2025.
Le CanSFE a eu le privilège de prendre part à la CSW69 et de permettre à des jeunes et à des représentant·es d’organisations membres d’y participer. Pendant la première semaine de l’événement, la délégation du CanSFE a pris part à des discussions clés, participé à des événements enrichissants et partagé ses réflexions avec ses réseaux.
Voici quelques-uns de ses principaux constats!
Nous avons ici résumé le contenu des publications. Vous trouverez sous chaque extrait un lien vers le texte original.
De Grand Central à l’East River, New York donne l’impression d’être entièrement occupée par des femmes — comme si elles composaient 80 % de la ville. Au milieu des klaxons et des bruits de chantier, on les entend échanger et rire ensemble. Elles dégagent une force exceptionnelle, qu’elles portent des tenues traditionnelles (comme la magnifique délégation des îles du Pacifique que j’ai vue lundi), des habits professionnels (je l’avoue, je fais partie du lot), ou des vêtements simples du quotidien (comme ces militantes de terrain que j’admire profondément). Un simple signe de tête suffit pour se reconnaître, un peu comme lorsqu’on aperçoit une autre personne de couleur sur une piste de ski. Cependant, il ne s’agit pas simplement de reconnaissance : c’est une énergie féministe qui crée, tout naturellement, un espace de confiance.
Je suis à la Commission de la condition de la femme (CSW), le plus grand rassemblement mondial consacré aux droits des femmes et à l’égalité des genres. Elle se tient au siège de l’ONU, un lieu censé appartenir à tout le monde, mais qui reste inaccessible pour plusieurs, surtout pour les femmes marginalisées.
Certaines font d’énormes sacrifices pour y être. Certaines mettent leur sécurité en jeu, d’autres dépensent des sommes importantes, et plusieurs se sentent un peu en marge — malgré une solidarité bien présente. Ce sentiment n’est pas banal. Il s’explique par plusieurs facteurs : un langage souvent technique, une culture centrée sur l’Occident, et la présence constante — parfois silencieuse, mais bien réelle — des mouvements anti-droits.
Et pourtant, ce sont ces femmes-là qui me resteront en tête, parce que ce sont elles qui nous ancrent dans la réalité. Celles qui prennent la parole pour exiger des comptes, comme Brianna Wilson, militante autochtone, qui a lancé aujourd’hui aux représentant·es du Canada : « Qu’allez-vous faire pour que je n’aie plus peur d’exister? »
Leurs témoignages sont crus et parfois déchirants, mais ils sont surtout essentiels. Ils brisent l’abstraction, dévoilent la réalité et forcent le monde à écouter.
À la #CSW69, alors qu’on souligne les 30 ans de la Déclaration de Beijing, les discussions ont mis en lumière à la fois le potentiel et les limites de la technologie et de l’intelligence artificielle pour faire avancer l’égalité des genres.
J’ai été fascinée par certaines innovations vitales : des drones qui livrent du sang à des mères en situation critique dans des régions isolées, des systèmes d’alerte fondés sur l’IA pour soutenir les agricultrices confrontées aux bouleversements climatiques, ou encore des plateformes numériques qui offrent un accompagnement nutritionnel aux femmes enceintes dans des contextes précaires.
Mais au-delà de l’enthousiasme, le débat a mis en relief des enjeux de fond : la fracture numérique entre les genres persiste, et l’IA, si elle n’est pas pensée de manière inclusive, risque de renforcer les biais existants. Comme l’a souligné une conceptrice œuvrant en santé maternelle : « La technologie doit être conçue avec les femmes, pas seulement pour elles ».
Une chose fait consensus : la technologie, à elle seule, ne règlera pas les inégalités de genre. Toutefois, si elle est développée de manière collaborative, financée à long terme, et utilisée en tenant réellement compte des inégalités de pouvoir, elle peut devenir un véritable moteur de changement vers le monde plus égalitaire qu’on imaginait déjà à Beijing, il y a 30 ans.
J’ai eu le privilège d’assister cette semaine à la #CSW69, la 69e session annuelle de la Commission de la condition de la femme (sic!) , au siège de l’ONU à New York, en tant que membre de la délégation du Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants (CanSFE).
Comme chaque année, une Déclaration politique a été adoptée – Women Deliver a publié une analyse brillante de cette déclaration, que je vous invite à lire ! Un recul majeur est à noter : le retrait du langage sur les Droits et Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR). Les DSSR sont au cœur de nombreux projets de MdM, y compris notre incroyable projet RESPECT.
Même si j’ai plusieurs réserves sur ce type d’événements, j’ai apprécié mon expérience.
D’abord, grâce à mes collègues de la délégation, des femmes inspirantes et dévouées. Bravo CanSFE pour cette sélection de qualité et pour m’avoir permis de les rencontrer et d’échanger avec elles !
Ensuite, parce que j’ai pu vivre cette mobilisation de féministes de partout sur la planète, des activistes engagé.e.s qui luttent au quotidien. Nous ne sommes pas seul.e.s, et ça fait un bien fou de se rappeler que nous sommes plus fort.e.s que ce que l’on voit au téléjournal depuis ces derniers mois.
Mais la rencontre la plus belle, la plus marquant et la plus forte, a été celle d’Hélène (nom fictif pour protéger son identité), une jeune paire-éducatrice d’Afrique centrale. Son témoignage, sa sincérité, son humour, sa bonté et son engagement m’ont profondément touché. Son appel à poursuivre le combat pour que les jeunes aient accès à des informations claires et véridiques sur les DSSR à l’école, à engager/mobiliser les parents pour qu’un dialogue honnête puisse exister pour tou.te.s , afin de briser les tabous, et pour s’assurer que ces discussions aient lieu dans les langues locales – et pas seulement dans les langues officielles des pays, souvent non maîtrisées par l’ensemble de la population.
Je ne peux m’empêcher de penser à tou.te.s mes collègues sur le terrain, qui mènent cette lutte avec passion. Merci pour votre engagement.
Hier, à la CSW69, avec la délégation du CanSFE, nous avons eu des échanges approfondis sur ce qu’il faut pour aller au-delà des discours et agir concrètement pour l’égalité des genres. Toutes les séances auxquelles j’ai assisté ont mis l’accent sur trois choses : l’importance de données fiables, la nécessité de renforcer la sécurité, et le besoin de mobiliser les jeunes de façon significative; des conditions essentielles pour que nos engagements se traduisent en changements réels.
🛡️ Exposition du Service de la sécurité de l’ONU : réaffirmer l’importance des espaces sûrs pour les femmes
On ne peut pas parler de participation sans parler de sécurité. Cette exposition nous a rappelé le travail invisible derrière la création d’espaces sûrs pour les femmes dans les domaines du plaidoyer, du militantisme et du leadership. Dans de nombreuses régions du monde, le simple fait de militer pour les droits des femmes peut s’avérer dangereux. Renforcer les mesures de sécurité et confirmer les promesses de sécurité permet aux femmes, en particulier à celles qui sont en première ligne, de poursuivre leur travail sans crainte.
🌍 Aligner la Plateforme d’action de Beijing et le Pacte pour l’avenir : combler l’écart
L’un des principaux thèmes de la CSW69 a été le décalage entre les promesses mondiales et les progrès réels. Cette séance a confirmé que si les cadres tels que la Plateforme d’action de Beijing et le Pacte pour l’avenir fixent des objectifs importants, nous avons toutes et tous le devoir de demander des comptes aux gouvernements et aux institutions.
Voici des points clés que j’ai retenus de cette discussion :
✅ Les jeunes ne sont pas seulement l’avenir, ils sont aussi le présent. Les jeunes doivent être inclus dans la prise de décision à tous les échelons.
✅ À l’échelle politique, nous devons passer des promesses à l’action. Le travail ne s’arrête pas aux déclarations : il se poursuit dans le financement, l’action sur le terrain et la réforme systémique.
✅ La collaboration intergénérationnelle est essentielle. Le progrès se produit lorsque les jeunes, les responsables politiques et la société civile travaillent ensemble plutôt qu’en vase clos.
Alors que nous poursuivons nos efforts, une question demeure : comment faire en sorte que les discussions de la CSW69 aient un impact durable? Car le plaidoyer ne s’arrête pas à la prise de conscience; c’est plutôt là qu’il commence.
Dans un contexte marqué par de grands bouleversements — ici comme ailleurs —, j’ai compris à quel point il est important de prendre le temps d’échanger avec des ami·es, d’hier et d’aujourd’hui, alors que nous poursuivons notre travail pour la santé et le bien-être des #femmes, des #enfants et de leur communauté.
Ce sont les rencontres en petit groupe, les discussions autour d’une table ou d’un café, qui m’ont le plus marquée cette semaine. Ces espaces nous ont permis de réfléchir aux grandes questions, de parler de stratégies, mais aussi de trouver un peu de solidarité, d’humour et de courage — des choses qu’on cherche toutes et tous en ce moment.
Je crois profondément à l’importance des #données, tout en sachant qu’elles ne sont pas suffisantes pour toucher les cœurs ou changer les mentalités. Cela dit, chaque séance à laquelle j’ai assisté soulignait le besoin de disposer de plus de données, de données ventilées, de #données de meilleure qualité. Je reconnais que la pensée évaluative n’a jamais été aussi indispensable, mais je pense aussi que nous devons nous questionner sur la place qu’occupent les données probantes aujourd’hui, et sur la façon dont différentes personnes s’y retrouvent (ou non), si nous voulons réellement en faire un levier utile dans une réalité marquée par des ressources limitées.
L’autre thème qui s’est dégagé de toutes les conversations, de tous les événements parallèles et de toutes les allocutions d’ouverture, particulièrement émouvantes, est la force du partenariat. Ce n’est peut-être pas surprenant si, pour moi, ce grand rassemblement mondial a surtout pris tout son sens dans les moments intimes qui laissaient place aux réels échanges humains. Les forces oppressives et les mouvements anti-droits nuisibles prolifèrent dans un contexte de division, de confusion, de défense et de réaction. Plus que jamais, nous avons besoin de coalitions, de réseaux, d’alliances — autant de mots professionnels pour décrire des relations solides entre des personnes qui partagent un engagement commun : pas seulement résister, mais avancer vers quelque chose de mieux. Je n’ai jamais été aussi fière de travailler au sein d’une organisation qui a pour nom et pour mission le #partenariat.
Publié:
mars 25, 2025
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