Les données : un outil indispensable pour la lutte à la pandémie

Épidémiologiste et chef de la direction du CanSFE, Dre Helen Scott expose le rôle et l’utilité des données pour combattre une épidémie.

La pandémie de COVID-19 montre en quoi le suivi et la collecte de données fiables — qui peuvent être analysées et éclairer la prise de décisions — sont impératifs en santé publique.

L’arsenal à la disposition des autorités de santé publique dans la lutte à une pandémie comprend la sensibilisation du public, les mesures d’hygiène personnelle et le confinement au moyen de la quarantaine des personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus. Or, un autre moyen de défense se révèle tout aussi essentiel durant une pandémie, à savoir un système fiable de communication rapide de données précises sur l’éclosion au sein des collectivités, afin de permettre aux autorités provinciales et fédérales de déterminer et de mettre en œuvre avec célérité les interventions les plus efficaces.

Le parcours des données

La surveillance nationale est une mesure d’atténuation indispensable. Dès le départ, les systèmes de surveillance détectent rapidement les cas et évaluent la transmission communautaire. Les approches de santé publique reposent généralement sur un certain travail de détective, comprenant des mesures de recension et de suivi des personnes ayant été en contact étroit avec un individu infecté. Les scientifiques peuvent repérer de petites modifications dans le code génétique du virus au fil de sa propagation d’un individu à un autre. Ces modifications deviennent les empreintes génétiques du virus, aidant les chercheurs à en cartographier l’évolution en temps quasi réel.

Au tout début d’une éclosion, quand tous les cas de transmission communautaire peuvent être associés à un seul individu — appelé le patient zéro — il est possible de contenir la maladie. Quand il y a propagation du virus sans qu’on en connaisse clairement la source, il n’est toutefois plus aussi utile d’identifier le patient zéro aux fins de contenir la propagation. La mise en place de mesures de surveillance accrues et de multiples mécanismes de surveillance à large échelle permettront dès lors d’identifier les chaînes de transmission.

Au fil de l’évolution de l’épidémie, des mesures et mécanismes de surveillance robustes nous renseignent sur l’intensité, la propagation géographique et l’impact de l’épidémie sur la population et le système de santé. Parmi ceux-ci figure une base de données sur les cas qui est précise, transparente et accessible aux décideurs. Idéalement, les gouvernements ont accès à des listes de personnel spécialisé, des autorités locales aux experts internationaux, qui peuvent fournir des conseils sur les mesures à prendre, ainsi qu’à des listes de matériel qu’il faut stocker ou réaffecter pour répondre à l’urgence.

Parallèlement à la surveillance, la modélisation mathématique peut établir l’évolution probable de la maladie. Les modèles sont comme les prévisions météorologiques : les chercheurs utilisent des équations mathématiques pour prévoir l’évolution de la maladie, en tenant compte de facteurs d’incertitude et de données incomplètes. Devant l’approche distincte qu’a choisi d’adopter le Royaume-Uni au départ, les scientifiques ont exigé que les gouvernements diffusent les modèles sur lesquels ils fondent leurs décisions. Les modèles mathématiques ne sont pas des boules de cristal – avec un large éventail d’estimations, ces modèles peuvent avoir l’air d’un jeu de devinettes –, mais ils sont d’importants outils qui peuvent contribuer à éclairer les décisions fondées sur des données probantes.

Des données fiables et valides sont essentielles pour tout l’écosystème de santé mondiale, tant pour répondre à une pandémie que pour assurer la reddition de comptes au titre des programmes mondiaux en matière de santé des femmes et des enfants.

La collecte, l’application et l’utilisation de données pour éclairer la prise de décisions constituent l’assise du travail du CanSFE. Le contexte dans lequel nous accomplissons notre travail ne paraît peut-être pas aussi urgent, mais les chiffres n’en demeurent pas moins effarants. Dans le monde, une femme meurt de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement toutes les deux minutes, tandis que chaque jour, 15 000 enfants meurent de causes évitables.

Le travail collectif de notre partenariat pour améliorer la santé mondiale et l’égalité des genres nécessite de l’information et des données liées à la santé fiables et accessibles en temps opportun pour suivre les progrès, révéler les inégalités grâce aux données désagrégées, et nous centrer sur l’amélioration de l’information pour parvenir à de meilleurs résultats.

Alors qu’installés confortablement dans notre salon nous suivons quotidiennement les statistiques et rapports quotidiens sur la pandémie de COVID-19, nous constatons la nécessité de disposer de données probantes. C’est pourquoi le CanSFE et ses membres continuent de déployer des efforts soutenus pour améliorer la mesure des résultats, le suivi des ressources et le compte rendu des progrès.

Publié:

mars 25, 2020


Auteur:

Dre Helen Scott


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