Juillet est le mois de la sensibilisation au fibrome utérin. Les fibromes utérins, bien que courants, sont rarement évoqués, surtout en ce qui concerne leur impact disproportionné sur les femmes noires. Selon des spécialistes, près de 50 % des femmes noires ont des fibromes avant d’avoir 35 ans. À 50 ans, ce nombre s’élève à 80 %, contre 70 % pour les femmes blanches. De plus, les femmes noires ont tendance à avoir de plus gros fibromes que les femmes appartenant à d’autres groupes raciaux. Bien que la plupart des fibromes ne nécessitent pas de traitement, ils peuvent parfois entraîner des symptômes tels qu’une prise de poids, des saignements menstruels abondants, des mictions fréquentes ou des douleurs pelviennes qui peuvent nécessiter une intervention chirurgicale. Bien que toutes les femmes courent le risque de développer des fibromes utérins, les femmes noires en sont atteintes de manière disproportionnée. Une étude indique que les femmes noires sont trois fois plus susceptibles de développer des fibromes que les femmes blanches et sont plus susceptibles de nécessiter un traitement chirurgical.
Le fardeau des fibromes utérins est nettement plus lourd pour les femmes noires que pour celles d’autres groupes raciaux ou ethniques. En moyenne, les femmes noires développent des fibromes utérins 5,3 ans plus tôt que les femmes blanches. Les femmes noires présentent également des fibromes utérins plus gros et plus nombreux que les femmes blanches et sont plus susceptibles de faire état d’une maladie grave, même si l’on tient compte d’un statut socioéconomique similaire. Cela contribue à augmenter le risque de complications pendant le traitement chirurgical. De plus, des études menées sur des femmes âgées de 45 ans et plus ont montré que les tumeurs des femmes blanches se développent beaucoup plus lentement que celles des femmes noires, avec des taux de croissance respectifs de 2 % et 15 %. Le taux de croissance des fibromes utérins chez les femmes blanches, contrairement aux femmes noires, diminue également de façon significative avec l’âge.
L’absence de consensus scientifique quant à ce qui explique le taux élevé de fibromes chez les femmes noires a conduit certaines personnes à suggérer la « dégradation » comme cause potentielle. La dégradation fait référence à la détérioration progressive de la santé due au stress chronique de la discrimination raciale. Cependant, la recherche sur la dégradation est encore émergente et notre compréhension des diverses explications de la disparité raciale dans l’incidence des fibromes reste incomplète.
Le financement fédéral limité de la recherche de grande qualité sur les fibromes, combiné à une pénurie de chercheuses et chercheurs biomédicaux et de cliniciennes et cliniciens noirs, laisse de nombreuses femmes sans réponse claire. Les conséquences sont considérables. Selon les National Institutes of Health, 25 à 50 % des femmes atteintes de fibromes présentent des symptômes tels que l’anémie, des saignements abondants et des douleurs. En outre, elles peuvent être confrontées à des taux plus élevés de stérilité et de complications lors d’une grossesse. Les fibromes représentent un fardeau particulièrement lourd pour les femmes noires, qui sont deux à trois fois plus susceptibles de subir une hystérectomie que les autres groupes de femmes.
La Dre Erica Marsh, cheffe du service d’endocrinologie de la reproduction et d’infertilité du Centre de médecine de la reproduction de l’Université du Michigan, a noté que ses patientes avancent diverses causes pour expliquer leurs fibromes, dont la viande rouge, les défrisants pour les cheveux et même « trop de patates douces ». Cependant, il est difficile pour elle de réagir à ces soupçons, car comme elle l’affirme, « on ne connaît pas les causes ».
La Dre Marsh a corédigé une revue d’études sur les disparités raciales en matière de fibromes, laquelle n’a trouvé aucun facteur unique responsable des taux plus élevés chez les femmes noires. L’étude a conclu qu’en raison du contexte social, structurel et politique de l’Amérique du Nord, les femmes noires subissent de façon disproportionnée une série d’expositions tout au long de leur vie et que celles-ci peuvent contribuer à augmenter l’incidence, la prévalence et la gravité des fibromes utérins. Ces expositions comprennent la pollution ambiante excessive, les produits chimiques perturbateurs d’hormones, le stress élevé et les carences nutritionnelles.
Comme l’indique la revue, la disparité dans l’incidence des fibromes est également liée à l’accès limité à des soins gynécologiques qualifiés et aux préjugés raciaux dans les soins de santé. Les patientes noires ont déclaré que leurs préoccupations avaient été ignorées, ce qui a entraîné des retards de diagnostic et un traitement sous-optimal. La plupart des recherches sur les facteurs associés aux fibromes ne confirment pas le lien de cause à effet ou n’indiquent pas que ces facteurs favorisent la croissance des fibromes. Selon les spécialistes, comprendre le développement des fibromes au niveau cellulaire aiderait les femmes à mieux gérer les facteurs de risque et permettrait d’améliorer les traitements. Davantage de recherches peuvent aider à ne plus mettre les fibromes sur le compte du comportement des femmes noires et à y trouver des solutions durables.
Pour résoudre ces problèmes, il faut davantage de financement fédéral pour une recherche de qualité sur les fibromes et une plus grande représentation des chercheuses et chercheurs biomédicaux et des cliniciennes et cliniciens noirs. En approfondissant notre compréhension du développement des fibromes et en nous concentrant sur des solutions durables, nous pouvons aller au-delà de l’attribution des fibromes au comportement des femmes noires et œuvrer pour que toutes les femmes obtiennent des résultats équitables en matière de soins de santé.
Leisha Toory est la fondatrice du projet Period Priority, en nomination pour un prix des droits de la personne, directrice de la santé et des droits sexuels et reproductifs de la Table ronde sur la santé des jeunes Canadiens, et titulaire d’un baccalauréat en sciences politiques de l’Université Memorial de Terre-Neuve et de l’Université d’Ottawa.
Publié:
août 6, 2024
Auteur:
Leisha Toory
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