Les observations du CanSFE sur l’Indice de transparence de l’aide 2024

Cette semaine, l’organisme Publish What You Fund a dévoilé les résultats de son Indice de transparence de l’aide pour 2024. L’événement diffusé en direct s’est déroulé au Brookings Center for Sustainable Development à Washington, D.C., et peut être visionné en ligne.

Depuis plus d’une douzaine d’années, l’Indice rend compte de la transparence des plus grands fournisseurs d’aide du monde, en utilisant les données mises à disposition par l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA). Cette année, le dévoilement de l’Indice a révélé de nombreux résultats positifs. L’année 2024 a enregistré le score moyen le plus élevé jamais atteint parmi les donateurs. Il y a également eu une augmentation générale du nombre de donateurs qui publient et rendent accessibles leurs données de performance dans des délais raisonnables.

Malheureusement, les nouvelles ne sont pas aussi bonnes pour le Canada. Depuis la publication de l’Indice 2022, le score d’Affaires mondiales Canada a chuté de 11 points, plaçant le Canada tout en bas de la catégorie « bon » et au 31^e rang du classement sur 50 donateurs. Il s’agit du classement le plus bas en dix ans pour le pays, avec une baisse de plus de 20 points par rapport à son score le plus élevé en 2020, qui le plaçait à l’époque dans la catégorie la plus élevée. Ce résultat est bien entendu décevant pour un ministère qui était autrefois président du conseil d’administration de l’IITA et faisait preuve d’un engagement important en faveur de la publication de données claires et utiles sur l’aide.

Affaires mondiales Canada (AMC) est le principal bailleur de fonds de l’aide publique canadienne au développement et un défenseur international dans les domaines souvent négligés de la santé mondiale, de l’égalité des genres et de l’aide humanitaire. Nous savons que le ministère accorde une grande importance à la transparence et à la responsabilisation. Malgré un score global faible, AMC a obtenu un classement très élevé en ce qui concerne la publication de ses engagements en faveur de la transparence.

Nous savons également que les données existent. L’Explorateur de projets du CanSFE est un tableau de bord en accès libre, alimenté par le secteur, qui contient les informations les plus complètes sur les investissements du Canada en matière de santé mondiale et de développement. Notre mandat avec cet outil est de compléter les données publiques du Canada avec du contenu actuel fourni par des acteurs et des partenaires canadiens. Développé en partenariat avec AMC, l’Explorateur de projets contient des informations détaillées, notamment sur la description des projets, les budgets, les données de performance, les résultats attendus et obtenus, la population cible et les organisations participantes et partenaires – des données qui sont rarement disponibles dans les grands ensembles publiés.

Lors de la dernière Assemblée des membres de l’IITA à Bogotá, le CanSFE a eu l’occasion de rencontrer des gouvernements et des intervenants en matière de données du monde entier. Le CanSFE co-préside le Groupe de travail des organisations de la société civile de l’IITA, ce qui nous a permis de discuter en profondeur de l’importance de disposer de données utiles avec des partenaires de la société civile. Ces données soutiennent la recherche, la prise de décisions, la planification, le journalisme indépendant, les allocations de financement, le repérage des lacunes et bien plus encore. Pour pouvoir en profiter, nous avons besoin de données actualisées sur la performance et le financement.

Afin de remédier aux résultats décevants du Canada dans ces domaines clés, nous devons agir collectivement. À l’avenir, le Canada et ses partenaires devraient se concentrer sur les points suivants :

1. Investir dans les ressources humaines, la technologie et la formation à la littératie des données qui permettront d’améliorer l’exactitude, la cohérence et l’actualité des données.
2. Se renseigner sur les normes mondiales en matière de données et les processus de gouvernance, et s’engager à les respecter.
3. Établir et mettre en œuvre des systèmes de gestion des rapports et des résultats nettement plus simples, pratiques et efficaces.

Même si cette année nous ne rapportons pas d’excellents résultats et n’avons pas d’éloges pour le Canada, nous y voyons une occasion pour nous tous et toutes qui travaillons dans le secteur, de réfléchir à nos engagements organisationnels et professionnels en matière de transparence de données, de coordination et de responsabilisation.