Reconnexion et réflexion : discussion sur la santé mondiale inclusive et le retour des événements en personne

Le thème de la 28e Conférence canadienne sur la santé mondiale (CCSM 2022), qui a eu lieu du 21 au 23 novembre 2022 à Toronto, était « Vers une santé mondiale inclusive : Priorités de recherche et de pratique en période d’incertitude ». J’ai trouvé que la plénière d’ouverture sur l’équité, la diversité, l’inclusion et la justice a donné le ton pour le reste de la conférence. Nous avons abordé des questions telles que le racisme structurel en santé mondiale et les inégalités qui en découlent, à savoir qui définit les priorités mondiales, qui obtient le financement et les ressources, qui voit ses valeurs primer, qui dirige la recherche et qui peut participer aux projets de recherche. Il y avait un certain consensus parmi les participants à la conférence sur la nécessité de décoloniser la santé mondiale en commençant par une réflexion sur nos propres identités et pouvoirs. Dans cet esprit, j’aimerais me présenter :

Je m’appelle Ilene Hyman. Je suis une femme cisgenre blanche, coloniale et chercheuse en santé mondiale qui habite à Toronto, territoire traditionnel de nombreuses nations, dont les Mississaugas de Credit, les Anishinaabeg, les Chippewas, les Haudenosaunee et les Wendats, et endroit où vivent maintenant de nombreux autres membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis. 

Ce sont certaines des identités sociales que je possède et qui me privilégient en tant qu’individu, mais je fais attention en reconnaissant mes pouvoirs et mes privilèges de ne rien enlever à d’autres personnes qui tirent des privilèges personnels du fait de leur appartenance à une forte communauté religieuse minoritaire ou de leurs origines dans un pays non occidental où il y a une civilisation riche. Nous devons également reconnaître que nous faisons partie de systèmes institutionnels et sociétaux qui font obstacle à la réalisation des objectifs de la santé mondiale inclusive. À ce titre, nous avons beaucoup discuté pendant la conférence de la nécessité de démanteler les « systèmes » et de mettre en œuvre des approches fondées sur les droits qui abordent et incluent les questions de violence fondée sur le genre, les inégalités entre les genres, la réforme de la sécurité sociale et l’action intersectorielle.  

Il y avait beaucoup trop de plénières, symposiums, conférences et présentations d’affiches pour que je puisse tout voir et commenter, mais voici quelques-unes des séances qui ont le plus retenu mon attention :

  • La présentation du CanSFE, « Décoloniser le suivi, l’évaluation, la recherche et l’apprentissage en santé mondiale : avec, par et pour les communautés », pendant laquelle nous avons appris des expériences d’organismes communautaires, tels que Salanga et SeeChange, sur le suivi, l’évaluation, la recherche et l’apprentissage dirigés par la communauté, ainsi que les stratégies nécessaires pour faire progresser l’inclusion, la collaboration et le changement mené par la communauté.
  • La présentation « Towards a global health strategy » (Vers une stratégie de santé mondiale) pendant laquelle nous avons parlé du récent document de réflexion basé sur une enquête menée auprès des parties prenantes au Canada et qui visait à cerner les domaines prioritaires et le leadership en santé mondiale; nous avons également participé à une discussion sur les impératifs, les défis, les conditions et les ressources nécessaires pour soutenir le développement d’une telle stratégie de santé mondiale en vue de renforcer le rôle du Canada sur la scène internationale. 
  • La présentation « Global health in times of crisis » (La santé mondiale en temps de crise), pendant laquelle nous avons appris sur les difficultés liées au maintien des services de santé et de l’aide humanitaire dans des pays comme l’Afghanistan et l’Éthiopie, qui sont en proie à une guerre civile. Nous nous sommes demandé comment respecter les principes d’impartialité, de neutralité et de solidarité face aux violations des droits de la personne; comment travailler de manière éthique avec les communautés pour libérer les capacités; et quel est le rôle de la communauté mondiale dans ces circonstances.  

Il y a également eu des dizaines de présentations de travaux de recherche inspirants sur un large éventail de sujets, dont les tire-lait alimentés à l’énergie solaire, la méthode mère kangourou, l’hygiène menstruelle et la prise en compte des handicaps en enseignement supérieur, pour n’en citer que quelques-uns. Je sais que de nombreuses personnes présentes, dont moi-même, étaient heureuses de voir au programme du contenu sur les Autochtones en lien avec la santé mondiale, y compris la séance plénière intitulée « Stories for Change: Realizing Indigenous Maternal Child Health » (Raconter le changement : pour une santé maternelle et infantile autochtone) et une présentation remarquable sur la création d’un partenariat de recherche équitable, durable et décolonialiste pour lutter contre la violence envers les femmes autochtones.  

Mais enfin, l’un des aspects les plus positifs et les plus mémorables de la conférence de cette année a été de participer à un événement en personne après deux ans et demi d’isolement social et académique quasi total. Bien que beaucoup d’entre nous aient réussi à poursuivre leur travail et leurs activités de collaboration grâce aux plateformes en ligne, il n’y a rien de tel que de se retrouver dans un espace commun et de partager des idées, des expériences, des rires et un repas avec des professionnels et des étudiants en santé mondiale passionnés qui partagent les mêmes idées. Ce genre de rencontre permet de consolider les relations et nous donne l’énergie nécessaire pour travailler ensemble à la réalisation de nos objectifs communs en matière de santé mondiale. 

J’ai hâte de revoir tout le monde en personne l’année prochaine!

Ilene Hyman est une épidémiologiste sociale qui possède de nombreuses années d’expérience en tant que chercheuse, évaluatrice de programmes et analyste des politiques. Elle est professeure associée à la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto et à la Faculté de santé de l’Université York. Elle est actuellement membre du groupe de travail sur les paramètres de mesure du CanSFE, membre du groupe consultatif du PEGASUS, conseillère chez Catalyste+ (anciennement SACO) et vice-présidente de l’évaluation chez Endeavour-Consulting for Non-profits. Ilene a plusieurs expériences de travail à l’étranger, notamment en Sierra Leone, au Sénégal, à Haïti, au Maroc, en Tunisie, en Éthiopie, au Nunavut et dans des communautés accessibles uniquement par avion du Nord de l’Ontario.

Publié:

décembre 20, 2022


Auteur:

Ilene Hyman


Catégories:


Partager cette publication:


Icon