Paroles de femmes : la riposte à la COVID-19 en Équateur

Saviez-vous qu’environ quatre membres du personnel de la santé sur cinq dans le monde sont des femmes?

Daniela Meneses

Daniela Meneses est médecin et vit en Équateur. Elle possède plus de dix ans d’expérience auprès d’organisations nationales et internationales qui travaillent à l’avancement de la santé et des droits sexuels et reproductifs et de l’accès aux soins de santé. Parallèlement à ses fonctions de médecin, Daniela est coordonnatrice nationale de l’International Youth Alliance for Family Planning (IYAFP).

À l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars 2021, le Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants (CanSFE) s’est entretenu avec Daniela au sujet de la riposte à la COVID-19 dans son pays.

Complétez la phrase suivante : l’égalité des genres, c’est…

L’égalité des genres, c’est la reconnaissance que toutes les personnes, quel que soit leur genre, ont les mêmes droits, responsabilités et possibilités. C’est la liberté de poursuivre ses rêves, de faire des études et d’adopter le mode de vie de son choix sans faire l’objet de discrimination. L’égalité des genres est un droit fondamental que nous devrions tous respecter.

La Journée internationale des femmes, c’est la journée où nous célébrons chaque réalisation, dans l’ensemble des sphères de la vie, accomplie par des femmes et des filles dans toute leur diversité. C’est une journée où nous commémorons les inégalités auxquelles les femmes ont été confrontées au fil de l’histoire et où nous soulignons le travail qui reste à accomplir pour atteindre l’égalité des genres.

Parlez-nous de la façon dont votre pays riposte à la COVID-19.

Nous avons été très durement touchés par la pandémie de COVID-19. L’Équateur est probablement l’un des pays les plus affectés de l’Amérique du Sud. Il y a quatre régions différentes dans le pays et chacune éprouve ses propres problèmes, outre certaines difficultés communes à toutes les régions.

La population de l’Équateur compte plus de femmes que d’hommes, mais les fonctions de direction sont encore exercées par des hommes. La pandémie a braqué les projecteurs sur toutes les inégalités qui persistent, dans toutes les sphères de la vie. Les travailleuses sont plus touchées que les travailleurs, et les femmes ont aussi plus de difficulté à accéder à des services de santé.

De plus, nous aurons bientôt des élections et celles-ci ont relégué la lutte à la COVID-19 au second rang des priorités.  

Comment, par votre travail, faites-vous progresser l’égalité des genres?

J’ai des plages horaires de 24 heures à l’hôpital. Je travaille surtout en chirurgie et plus particulièrement en obstétrique-gynécologie et en urologie. Je pratique dans deux différentes cliniques où je prends soin des patients hospitalisés. Nous avons aussi un département d’urgence où nous avons actuellement quelques cas de COVID-19.

La gynécologie est une merveilleuse spécialité, car elle touche directement la santé et les droits sexuels et reproductifs. Nous traitons les femmes selon une approche holistique qui favorise l’autonomisation basée non seulement sur la santé physique, mais aussi sur les aspects psychologiques de la santé qui peuvent véritablement aider les patientes.

J’ai aussi la chance de travailler au sein d’ONG – en particulier des organisations axées sur la défense des droits. J’occupe actuellement les fonctions de coordonnatrice nationale de l’International Youth Alliance for Family Planning (IYAFP). Nous travaillons à joindre les jeunes qui ne sont pas nécessairement en mesure, de leur propre chef, de consulter un médecin. Notre but est de leur fournir les outils et les ressources nécessaires pour accéder à des services de santé.

Comment les femmes dans votre pays travaillent-elles pour un avenir égalitaire pendant la pandémie de COVID-19?

Nous avons une société et, à plus forte raison, un système médical fortement patriarcaux. C’est comme ça depuis toujours et c’est malheureusement très difficile de changer ça. D’une certaine manière, la pandémie a amplifié le travail qu’accomplissent les femmes, non seulement en Équateur, mais aussi partout dans le monde. De nombreuses femmes sont maintenant reconnues pour leur extraordinaire contribution en épidémiologie, santé publique et politiques en matière de santé.

Nous voyons des femmes dans des rôles qu’elles n’avaient jamais joués auparavant. C’est remarquable, car cela ouvre de nouvelles possibilités à d’autres femmes qui travaillent dans les mêmes domaines. En Équateur, il y a plus de femmes que d’hommes qui travaillent dans le secteur de la santé, mais celles-ci sont absentes des hautes sphères du secteur comme celles de la direction des services médicaux ou du ministère de la Santé. Petit à petit, nous avons fait valoir la nécessité d’actions de plaidoyer pour l’accès d’un plus grand nombre de femmes à ces postes et je crois que c’est en grande partie grâce à la pandémie.

La pandémie a aussi fait ressortir les inégalités dans l’accès aux soins de santé – surtout en ce qui a trait à la santé sexuelle et reproductive. De plus en plus d’organisations se portent à la défense de ces droits et de l’accès à l’information. Ce sont des femmes qui travaillent pour les femmes et c’est l’un des effets admirables de la pandémie.

Si l’on investissait dans une relance féministe dès maintenant, à quoi ressemblerait votre pays en 2030?

Plus de femmes dans des postes de direction! Non seulement comme présidentes et chefs d’État, mais aussi au sein du système de santé. J’adorerais voir plus de femmes à la direction d’hôpitaux, du ministère de la Santé et d’autres organisations. Je veux aussi voir plus de femmes mener des recherches. Je veux qu’il y ait moins de concurrence au sein de notre système, que nous travaillions en collaboration en nous encourageant les uns les autres. En tant que femmes, nous devons nous soutenir mutuellement afin de faire progresser l’égalité des genres. 

Visionnez la vidéo de notre conversation avec Daniela :

Publié:

mars 8, 2021


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