Vers une santé mondiale inclusive : retour sur la Conférence canadienne sur la santé mondiale 2022

Je reviens tout juste de la Conférence canadienne sur la santé mondiale 2022 organisée à Toronto par l’Association canadienne pour la santé mondiale. Le thème important de la conférence, « Vers une santé mondiale inclusive : Priorités de recherche et de pratique en période d’incertitude », a clairement été mis de l’avant pendant les trois jours de l’événement!

Protocoles de santé

C’était la première conférence à laquelle j’assistais depuis la pandémie de COVID-19, et même si j’étais retournée sur le terrain (j’étais à Malawi, en septembre, pour une évaluation de l’UNICEF), c’était ma première conférence en personne depuis trois ans. Comme je travaille en santé publique, j’étais très heureuse de voir qu’on encourageait fortement le port du masque pendant la conférence. Des tests et des couvre-visages étaient offerts aux personnes qui en avaient besoin et des purificateurs d’air Aerox avaient été installés un peu partout (j’ai d’ailleurs testé le niveau de CO2 dans la salle et il était à environ 400, ce qui est un bon signe!).

Événement hybride

Avec les protocoles de santé mis en place, j’étais très heureuse de revoir certains collègues pour la première fois depuis un moment et de prendre des nouvelles en personne. La conférence avait lieu en mode hybride; de nombreuses personnes ont donc tout de même fait leur présentation en ligne, y compris Anita Vandenbeld, la secrétaire parlementaire du ministre du Développement international.

L’équité et l’inclusion à l’avant-plan

L’accent mis sur l’équité était apparent tout au long de la conférence avec de nombreuses séances axées sur le thème majeur de la décolonisation de la santé mondiale ainsi que sur l’importance de l’inclusion (des personnes du Sud, des personnes vivant avec un ou des handicaps et des personnes transgenres).

Se faire l’allié·e de la santé mondiale

Pendant la plénière d’ouverture, le Dr Madhu Pai de l’Université McGill a rallié la foule en partageant ses idées sur les façons d’être un·e allié·e en santé mondiale. Il a entre autres parlé de la nécessité de changer l’accent mis sur « la charité, la philanthropie, l’assistance, les dons, l’aide au développement, l’esprit de sauveur et la dépendance » pour se concentrer sur « l’équité face aux droits de la personne, la justice sociale, la réparation, l’autonomie, le respect, l’autodétermination et l’autosuffisance ».

La COVID-19, un thème important

Au cours des trois journées de la conférence, la COVID-19 a également été le point de mire de nombreuses discussions, puisqu’elle a mis en évidence les inégalités flagrantes entre le Nord et le Sud, notamment en ce qui a trait aux pays qui ont pu avoir accès rapidement à la vaccination, malgré le mécanisme COVAX. La nécessité de décentraliser la fabrication des vaccins pour que les pays d’Afrique puissent fabriquer leurs propres vaccins a également été abordée.

La mise en œuvre locale, un élément clé de l’inclusion

Pendant une séance plénière sur l’importance de la mise en œuvre locale dans les politiques inclusives, nous avons pu entendre des exemples concrets de mesures pour accroître l’inclusion : inclure la collectivité locale dans les demandes d’évaluation aux comités d’éthique; s’assurer que les personnes visées participent à la rédaction des propositions, la mise en œuvre des projets et le suivi des projets; faire la collecte de données fondées sur la race au Canada, car on ne peut faire de l’équité un objectif si l’on ne possède pas de données sur le sujet. D’autres idées issues d’un article sur la diversification des sciences de la mise en œuvre ont également été présentées.

Exemples de projets et ressources

Nous avons entendu différents exemples de projets et d’activités en cours, tels que Les femmes S’ÉLÈVENT, un projet de renforcement du pouvoir économique et de la santé des femmes orienté vers l’action et transformateur en matière d’égalité des genres visant à soutenir le travail des femmes (rémunéré ou non) et leur santé en contexte de reprise post-COVID-19. Il y a aussi PEERS (Partnership for Evidence and Equity in Responsive Social Systems), un partenariat qui fait la promotion de l’utilisation des données probantes dans l’élaboration des politiques dans 13 pays. Nous avons également abordé les efforts déployés pour stimuler l’élaboration d’une stratégie en matière de santé mondiale au Canada.

Même si de nombreux exemples étaient axés sur le milieu universitaire, nous avons également pu entendre les perspectives d’organisations non gouvernementales. L’une des séances portait sur le Cadre transformateur en matière de genre pour la nutrition (Gender-Transformative Framework for Nutrition) développé par des organisations non gouvernementales canadiennes. Enfin, lors d’une séance organisée par le CanSFE, des stratégies de décolonisation ont été proposées pour la planification de la relève au sein du conseil d’administration du Canadian Network for International Surgery.

Le message retenu

De manière générale, ce que j’ai retenu de la conférence est que, sans surprise, un grand changement est nécessaire en santé mondiale. Il faudra encore beaucoup de travail pour comprendre comment concrétiser ce renouveau, étant donné les importants enjeux tels que l’enracinement profond du système colonial dans le domaine de la santé mondiale. Mais chose certaine, de nombreuses personnes de partout dans le monde ayant assisté en personne ou en ligne à la conférence ont mis la main à la pâte pour trouver la meilleure façon d’actualiser ce changement.

Elizabeth Dyke est consultante depuis 2008. Elle travaille avec les gouvernements, les ONG, les universités et les organisations privées dans un large éventail de domaines sociaux et de santé, notamment les questions de genre, les soins de santé, la prévention des maladies chroniques, les maladies infectieuses et les déterminants sociaux de la santé. Son travail de consultante inclut les activités de suivi et d’évaluation, la recherche, la rédaction (y compris la rédaction médicale), l’élaboration de stratégies, le renforcement des capacités, l’analyse de politiques, le transfert ou la synthèse des connaissances et les services de facilitation dans les secteurs de la santé et du développement social. Cliquez ici pour connecter avec elle sur LinkedIn.

Publié:

décembre 5, 2022


Auteur:

Elizabeth Dyke, Ph. D.


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