La semaine dernière, j’assistais à la 28e Conférence canadienne sur la santé mondiale à Toronto, dont le thème était « Vers une santé mondiale inclusive : Priorités de recherche et de pratique en période d’incertitude ». Plusieurs sujets ont été abordés, y compris la distribution des vaccins, l’équité en recherche et les maladies tropicales négligées. Les points importants à retenir ne manquaient pas, mais voici ce qui est ressorti pour moi :
La Dre Perez-Brumer a parlé de la santé mondiale comme d’un paradoxe entre les souffrances évitables et la productivité scientifique. Plus précisément, elle a demandé si la santé mondiale créait de la santé ou si elle créait des données. Elle a parlé de la façon dont les données sur la santé mondiale sont souvent manipulées pour répondre aux besoins de l’étude et au contexte politico-économique.
Ce constat m’a particulièrement frappé dans mes réflexions sur les obstacles à la mise en œuvre d’interventions et à l’instauration de changements dans le secteur de la santé mondiale. L’importance des pratiques et des interventions fondées sur des données probantes est de plus en plus comprise, mais les paramètres permettant de déterminer quand les données sont suffisantes pour agir sont moins bien compris ou potentiellement ignorés.
Nous devons nous demander qui bénéficie de la collecte continue de données sur la santé et pourquoi il y a une pression constante pour en obtenir davantage, alors que la même pression n’est pas mise sur la santé elle-même.
Le thème de la conférence étant l’inclusivité en santé mondiale, il y a eu beaucoup de séances et de discussions sur la question de l’équité, souvent dans un contexte de relations Nord-Sud.
Le Dr Madhukar Par a parlé des nombreuses occasions d’être des allié·e·s que nous avons choisi d’ignorer, prenant à titre d’exemple le manque d’équité dans la distribution des vaccins contre la COVID-19 et les brevets sur les vaccins. Il a expliqué que la santé mondiale ce n’est pas une question de « charité », mais plutôt d’écoute et de promotion de l’autonomie. Les besoins des pays du Sud sont clairs si l’on prend le temps de les écouter, mais pour y arriver, l’autodétermination doit non seulement être comprise, elle doit être appuyée.
Il y a une différence entre faire don de vaccins contre la COVID-19 et appuyer les pays à faibles et moyens revenus dans leurs efforts pour produire leurs propres vaccins. Le Dr Par a fait valoir que nous ne voulons pas que les pays dépendent du Canada, nous voulons promouvoir l’autodétermination. Si chaque pays pouvait superviser sa propre production de vaccins, la sécurité sanitaire mondiale s’en verrait renforcée, et nous serions tous et toutes mieux protégés. Même si cet exemple portait sur la vaccination, il vaut pour une variété d’enjeux liés à la santé mondiale.
De nombreuses présentations ont abordé le fait qu’il est difficile de maintenir l’équité en période de crise et d’incertitude. Plus précisément, la Dre Julia Smith a parlé des difficultés liées au détournement des ressources de santé publique vers une crise en cours, qui entraîne ou fait ressortir des iniquités ailleurs. Par exemple, pendant l’épidémie d’Ebola, les ressources ont été redirigées vers la crise, ce qui a entraîné une hausse des décès pendant les accouchements.
Par ailleurs, en situation d’urgence, le style de prise de décision risque d’être orienté sur le commandement et le contrôle. Il y a moins de temps pour consulter les gens et remettre en question les décisions. Cela peut diminuer la collaboration, l’évaluation et la pertinence.
Dans le même ordre d’idées, les présentateurs et présentatrices ont parlé de la façon dont la COVID-19 a mis en évidence un manque de considération envers les groupes en quête d’équité dans les plans d’intervention face à la pandémie, ce qui a eu un effet négatif sur les résultats sur la santé. Par conséquent, il pourrait être judicieux pour les futures situations d’urgence de commencer par intégrer la notion d’équité dans la planification et la préparation.
Lauren Wiebe est membre de notre groupe de travail jeunesse. Elle a un baccalauréat spécialisé en santé publique et sciences politiques de l’Université de la Colombie-Britannique, une maîtrise en promotion de la santé publique et prévention des maladies de l’Institut Karolinska, et elle fait actuellement son baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de la Colombie-Britannique, où elle se consacre principalement aux soins d’urgence. Elle est directrice des projets spéciaux pour Inspire Community Outreach, un organisme sans but lucratif qui œuvre auprès des jeunes et des familles qui vivent avec des différences neurologiques et des défis de santé mentale. Elle est intervenante d’urgence bénévole pour la Croix-Rouge canadienne et siège au conseil d’administration de la HealthBridge Foundation of Canada.
Publié:
décembre 7, 2022
Auteur:
Lauren Wiebe
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