Leçons de Plan International: Exploiter les données sur la VFG fournies par les services de protection

Cet article fait partie d’une série d’études de cas de partenaires du CanSFE démontrant comment l’utilisation judicieuse des données contribue à améliorer les politiques et les programmes de prévention et d’intervention en matière de violence fondée sur le genre (VFG) dans différents contextes. Pour en savoir plus sur les possibilités offertes par les données dans le cadre de la lutte contre la VFG, consultez cet article.

Plan International s’efforce de systématiser sa façon de mesurer le rendement des domaines d’intervention prioritaires où l’organisation se distingue à l’échelle mondiale, dont celui de la protection contre la violence. Conformément à ses politiques de protection et d’éthique dans le suivi, l’évaluation et la recherche, Plan International n’utilise les indicateurs de prévalence de la VFG (issus d’enquêtes interrogeant les personnes sur leurs expériences récentes de VSFG) qu’en tant que données secondaires, comme les données de recensement gouvernementales ou celles fournies par les prestataires de services. L’organisation n’utilise donc que des indicateurs alternatifs pour mesurer et démontrer les différents niveaux d’impact de ses projets. 

Un des points de données alternatifs liés au renforcement de la prévention et du traitement de la VSFG mesure la qualité des services de protection, afin de garantir que les survivantes puissent accéder à des services coordonnés de haute qualité, exempts de stigmatisation, de discrimination et de risques pour leur sécurité et leur vie privée. Cette approche s’intéresse à la fois aux aspects de l’offre et de la demande en matière de capacité d’intervention dans le domaine de la VSFG. 

Dans le cadre de son récent projet ELLA sur les liens entre la SDSR et la protection en Équateur, au Pérou et en Colombie, Plan International a procédé à une évaluation des services et systèmes de protection locaux. Les évaluations des établissements sont des outils habituellement utilisés par l’organisation pour mesurer la capacité des prestataires de services de santé à offrir des services tenant compte de la dimension du genre et adaptés aux besoins des adolescentes. Cette fois, le questionnaire a été distribué dans des établissements tels que des commissariats de police et des centres pour femmes et des refuges. Il a permis d’évaluer des éléments tels que l’adhésion aux normes et protocoles d’intervention en matière de VSFG, la formation du personnel, les voies d’aiguillage, les infrastructures ainsi que les équipements et le matériel. 

Des tests complémentaires avant et après les interventions ont été utilisés pour évaluer les connaissances et les attitudes des prestataires. Menée au début, à mi-parcours et à la fin du projet, l’évaluation des mécanismes de protection permet de repérer les lacunes et les points forts, favorisant ainsi un dialogue avec les prestataires de services pour améliorer la qualité de leurs services et renforcer leur capacité à soutenir les survivantes. Les données recueillies permettent de savoir dans quelle mesure un établissement est bien outillé pour aider les survivantes, plutôt que de mesurer la prestation réelle de services, qui n’est pas directement observable.

Du côté des bénéficiaires, les questionnaires de satisfaction recueillent les expériences concrètes des survivantes ayant reçu des services liés à la VSFG. Ils sont administrés après la prestation des services ou lors des phases de suivi, dans le cadre de la gestion des cas. Ces questionnaires demandent aux bénéficiaires d’évaluer les services reçus et leur impact sur leur bien-être, et les invitent à donner leur avis et à faire des recommandations. 

Les données sont suivies pour favoriser la mise en œuvre du projet. Lorsque les services de réponse à la VFG ne sont pas mis en place directement par le projet, comme dans le cas du projet P4G (au Bénin), les questionnaires ont été distribués par des travailleuses et travailleurs sociaux ayant déjà établi un lien avec la clientèle. Cette approche visait à minimiser les risques de retraumatisation et à garantir la confidentialité, tout en évaluant les expériences des survivantes face aux réponses multisectorielles. Les données obtenues ont été utilisées pour identifier les lacunes dans la coordination multisectorielle et pour mettre en évidence les attitudes nuisibles du personnel d’intervention de première ligne, ainsi que pour souligner les points les plus appréciés par les survivantes. L’utilisation de données agrégées et anonymisées comme éléments probants dans les activités de renforcement des capacités et de mise à jour des formations des prestataires de services, ainsi que l’intégration d’outils tels que les autoévaluations, permettent de favoriser les discussions, d’enrichir l’apprentissage et d’améliorer la qualité des services, afin de garantir de meilleurs soins aux futures survivantes.

À l’échelle communautaire, Plan International a adopté des stratégies complémentaires pour promouvoir des services adaptés au genre et à l’âge, comme les fiches d’évaluation citoyenne pour les jeunes, qui utilisent une méthode participative pour évaluer la qualité des services et promouvoir la défense des intérêts de la population à une échelle locale. Les indicateurs générés par la population se concentrent sur des priorités telles que la dotation en personnel, l’éclairage des lieux publics et les espaces sécurisés pour les filles, comme le montre le projet P4G (tant au Bénin qu’au Cameroun). Le processus des fiches d’évaluation, qui permet aux jeunes de discuter avec les prestataires de services, s’est avéré efficace pour favoriser le dialogue et renforcer l’empathie et la réactivité des prestataires de services à l’égard de la clientèle, comme en témoigne tout particulièrement le projet ARIBA en Bolivie.

Pour en savoir plus : [email protected]

Publié:

décembre 5, 2024


Auteur:

Plan International Canada


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