Expérience de l'accouchement

Tout comme plusieurs d’entre vous, ma famille et moi venons de célébrer le temps des Fêtes, qui fut particulièrement spécial pour nous cette année puisque j’ai donné naissance à mon troisième enfant deux jours après Noël. Mes accouchements, qui se sont tous déroulés en sécurité, m’ont toujours procuré une grande joie et un sentiment d’accomplissement. Toutefois, durant les jours suivants, le souvenir de la perte de ma tante Abena Kara, décédée de complications liées à l’accouchement, me traverse inévitablement l’esprit. La perte de la sœur de mon père fut un tournant de ma vie.

Je me souviens de m’être demandé, à 12 ans, pourquoi les mères devaient mourir de cette façon.

Durant mon enfance dans le nord du Ghana, les décès maternels étaient relativement communs; il semblait que la majorité des familles avaient perdu soit une mère, soit un enfant durant l’accouchement. La perte de ma tante, qui était jeune, belle et pleine de vitalité, fut particulièrement difficile pour notre famille puisqu’elle avait fait tout ce qu’il fallait. Lorsque nous sommes allés chez elle après son décès pour nettoyer et ramasser ses biens, nous avons trouvé son carnet prénatal. Même si elle était analphabète et qu’elle travaillait de longues heures à vendre du poisson pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses deux jeunes fils, ma tante n’avait jamais raté une visite prénatale. Elle avait également épargné de l’argent et réussi à se rendre à l’hôpital pour accoucher, mais il n’y avait aucun médicament pour l’aider lorsqu’on a détecté sa prééclampsie . Elle a souffert de crises qui l’ont rendue comateuse. Son bébé est décédé le jour même et ma tante Abena est décédée deux jours plus tard.

Lors de mon premier accouchement, j’ai également souffert de prééclampsie, mais mon issue et le traitement médical que j’ai reçu furent différents. J’étais entourée de médecins et d’infirmières qui surveillaient ma pression sanguine, prêts à intervenir à tout moment. Depuis le décès de ma tante Abena, le Ghana a fait d’importants progrès vers la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. J’espère et je prie pour que les efforts de notre Réseau continuent d’accélérer le progrès en SMNE à l’échelle mondiale. Je suis reconnaissante d’être ici aujourd’hui et d’avoir pu célébrer de tout cœur la naissance de mon fils tout en sachant que je fais partie d’un Réseau fantastique qui travaille afin que cette réalité soit également celle des mères de partout dans le monde.

Publié:

mars 3, 2014


Auteur:

Deborah Mensah Awere


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