Tracer un chemin vers l’amélioration de la santé des meres

« Mais pourquoi donc un petit collège d’une région rurale canadienne travaille-t-il en Afrique? »

Après avoir entendu cette question plusieurs fois depuis l’inauguration du projet de SMNE dirigé par le College of the Rockies (COTR) au Kenya, ma manière d’y réagir, de l’évaluer et d’y répondre a évolué. Au départ, j’avais tendance à y répondre sur la défensive, en m’efforçant de prouver que notre institution – qui, bien que petite, est tout de même un collège postsecondaire public solide ayant une décennie d’expérience au Kenya – avait la capacité d’agir dans un lieu où abondent les grandes ONG internationales et les universités de recherche. En tant que coordonnateur de projet, je tentais désespérément de débiter des statistiques sur la somme de notre expérience, d’expliquer que nous avions un solide réseau de partenaires et de démontrer notre compréhension des pratiques actuelles en santé mondiale. Cependant, j’ai toujours ressenti que cette approche défensive était inadéquate et qu’elle ne répondait pas à la question fondamentale : pourquoi?

Trop souvent dans le travail en développement – et dans de nombreux autres secteurs – les acteurs ne se demandent pas « pourquoi » lorsqu’ils tentent d’obtenir du financement ou de régler un problème de développement. On présume généralement que si vous avez déjà travaillé dans un certain environnement, vous devriez continuer à le faire. Dans un pays comme le Kenya, qui est certainement un environnement très actif (et bondé) en ce qui concerne les projets en santé mondiale, j’en suis venu à me dire qu’il est pertinent de se demander pourquoi une telle organisation est mieux positionnée que les autres. Alors que le COTR approche la conclusion de la deuxième année de son projet sur cinq ans financé par le MAECD, il est important de réfléchir à ce que nous faisons, à pourquoi nous le faisons et aux approches uniques que nous apportons au travail en SMNE.

Je ne m’attarderai pas sur les détails contextuels, que vous pouvez retrouver ici sur le site Web de notre projet MAISHA (Accès maternel et survie infantile pour la promotion de la santé). En bref, l’essence de notre projet est d’améliorer les soins de SMNE en région rurale en renforçant les systèmes de santé communautaires. Nous travaillons avec les gouvernements du pays et le ministère de la Santé pour former des travailleurs de la santé communautaires (TSC), pour améliorer leur intégration dans le système de santé et pour améliorer la qualité des soins de SMNE dans les établissements ruraux vers où les TSC orienteront des patients.

La force du COTR en tant qu’institution d’enseignement repose dans notre utilisation d’approches novatrices et durables en formation. D’entrée de jeu, nous n’avions pas l’intention d’arriver, de simplement former « X » nombres de TSC pour finir par nous féliciter de l’avoir fait. En nous appuyant sur notre relation de 9 ans avec le Collège Dedan Kimathi University of Technology (DeKUT), nous avons mis en place un système de formation local et durable pour les employés impliqués en SMNE à l’échelle communautaire. Voici quelques exemples succincts :

La majorité du personnel du département des soins infirmiers du DeKUT a maintenant reçu la qualification d’instructeur grâce à un programme de formation en soins obstétriques d’urgence (SOU) reconnu internationalement et conçu en collaboration avec le ministère de la Santé kényan. Ces instructeurs seront embauchés tant par le projet que par les gouvernements du pays pour s’assurer que les compétences en SOU demeurent de première qualité pendant et après la durée de vie du projet.

Le COTR pourra tirer profit du rôle du DeKUT comme université nationale dans la conception d’un programme de formation pour les superviseurs des TSC. Grâce à ce programme, les employés locaux du ministère de la Santé bénéficieront tant d’une formation initiale que de perfectionnement professionnel à l’aide d’équipement et de ressources modernes, et ce durant et après le projet.

Le COTR fera l’essai d’un processus d’apprentissage hybride pour former des TSC à distance à l’aide de la technologie mobile. Il jumèlera les compétences en enseignement à distance avec les capacités en développement de technologies adaptées au milieu. Il s’agit d’un besoin clé pour renforcer les programmes de TSC à l’échelle régionale et mondiale, comme le précise la campagne 1 million de TSC.

Tout le monde impliqué dans ce partenariat est convaincu qu’un changement efficace en SMNE n’est possible que lorsque : (a) les interventions sont intégrées dans les systèmes de santé, (b) les soins primaires communautaires sont soutenus par des investissements dans les établissements de santé, et (c) la durabilité – pas seulement financière – est intégrée dans un projet dès le début. Le COTR et le DeKUT perçoivent le projet MAISHA non pas comme un projet de prestation de services, mais comme faisant partie d’une vaste approche de renforcement des systèmes de santé.

En fin de compte, ces facteurs m’aident à répondre à la question posée précédemment : le COTR est effectivement un petit collège de Cranbrook, en Colombie-Britannique, mais il contribue activement à la création de systèmes de grande qualité pour la formation et le soutien en santé au Kenya. Nous espérons qu’à la conclusion des activités du projet en 2017, nous aurons fait une petite différence dans la capacité du Kenya à maintenir une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine de la santé, et ainsi contribuer au mandat global du gouvernement du Canada et du CanSFE pour l’amélioration de la vie des femmes et des enfants dans le monde.

Moritz Schmidt dirige le projet MAISHA SMNE pour le College of the Rockies. Pour le rejoindre : [email protected].

Publié:

février 20, 2014


Auteur:

Moritz Schimdt


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