Quand les sages-femmes collaborent

Je suis toujours étonnée par ce qui se produit lorsque des gens ayant une passion commune se réunissent. Dans ce cas-ci, les gens sont les membres de l’Association canadienne des sages-femmes (ACSF) et de l’Association tanzanienne des sages-femmes (ATSF). La passion commune est de s’assurer que les filles, les femmes et les nouveau-nés aient accès à des soins de qualité prodigués par les sages-femmes; des soins qui peuvent sauver des vies.

Tout a commencé par un projet de jumelage conçu par la Confédération internationale des sages-femmes en 2011. Il s’agit essentiellement d’un échange de mentorat et de soutien entre l’ACSF et l’ATSF visant le renforcement des capacités. Depuis, les deux associations ont vu des résultats remarquables quant à l’augmentation de la capacité à desservir leurs membres et sensibiliser la population aux besoins des femmes et des nouveau-nés. Actuellement, vingt-cinq tandems de sages-femmes canadiennes et tanzaniennes travaillent à distance pour partager de l’information et des ressources et pour se soutenir afin d’assumer un rôle qui peut parfois être très difficile. Ce lien puissant dépasse les frontières et reconnaît le rôle que nous pouvons tous jouer dans l’amélioration des résultats en SMNE à l’échelle mondiale. Il reconnaît également à quel point nous pouvons en accomplir davantage lorsque nous travaillons ensemble.

Le jumelage a donné naissance à des possibilités de recherche coopérative et de perfectionnement professionnel; de renforcement du leadership au sein des professions de la santé; et de promotion des meilleures pratiques. En conséquence, la qualité des services de SMNE s’est améliorée tant au Canada qu’en Tanzanie. Le projet d’amélioration de la prestation des services pour une maternité sécuritaire (ISDSM) en est un bon exemple.

L’ISDSM – avec son approche de jumelage et son objectif de renforcement de l’expertise des sages-femmes pour l’utilisation des compétences en cas d’urgence – a été le thème central de ma vie de sage-femme au cours des derniers mois. Depuis le début d’octobre 2013, Emmanuelle Hébert, une sage-femme du Québec, et moi travaillons avec nos homologues tanzaniennes Ecstasy Danford Mlay et Elizabeth Mwakalinga, afin de créer une adaptation harmonisée des programmes canadien et tanzanien sur les compétences en cas d’urgence. Le résultat de cette collaboration est le Programme de formation pratique sur les compétences en cas d’urgence TAMA; le seul programme pédagogique en son genre conçu spécialement pour les sages-femmes en Tanzanie.

Pour moi, la collaboration a représenté toute une panoplie d’expériences et d’émotions. Travailler sur place à Dar es-Salaam avec Emmanuelle, Ecstasy et Elizabeth fut une source de motivation et d’espoir. Ensemble, nous avons travaillé sur le programme d’études du TAMA, tirant le meilleur des deux programmes et l’adaptant pour répondre aux besoins des sages-femmes travaillant dans les régions rurales de la Tanzanie. Emmanuelle et moi, en tant que sages-femmes canadiennes, avions beaucoup à apprendre des sages-femmes qui travaillent en Tanzanie. J’ai été impressionnée et touchée par leur créativité, leur dévouement et leur persévérance.

Depuis que nous sommes chacune retournées chez nous, la collaboration est plus difficile. Les fuseaux horaires différents, les contraintes technologiques et les conflits d’horaire ont haussé les exigences en ce qui a trait à notre engagement. Il a parfois été frustrant — sans être assises ensemble dans la même pièce — de s’entendre sur de nouvelles idées et approches; et de s’assurer que chaque sage-femme se sente apte à contribuer au projet. Lorsqu’on travaille à distance, il est beaucoup plus difficile de recréer la sécurité d’un espace commun où l’on peut échanger ses idées librement. Heureusement toutefois, nous avons relevé le défi et je pense que nous pouvons être fières du résultat. Le temps que vous avons passé ensemble nous a aidées à maintenir le cap sur l’objectif final : des sages-femmes mieux formées en compétences en cas d’urgence et à même d’offrir les meilleurs soins possibles aux mères et aux bébés.

Entre août 2014 et septembre 2016, le nouveau programme de formation sera enseigné par des tandems de sages-femmes canadiennes et tanzaniennes dans six districts de la Tanzanie. Durant cette période, nous évaluerons et ajusterons communément la formation pour qu’elle soit la plus pertinente possible. Si tout va bien, nous espérons que cet effort servira de modèle à reproduire pour soutenir la maternité sécuritaire à l’échelle internationale.

Ce programme fait partie des nombreuses initiatives de collaboration en santé maternelle et néonatale de l’Association canadienne des sages-femmes. En plus de l’ISDSM, l’ACSF collabore également avec l’Association des Infirmières Sages-Femmes d’Haïti (AISFH) pour appuyer leurs efforts dans la reconstruction de leur association afin de mieux soutenir les sages-femmes en Haïti. Bien que je n’aie pas participé directement à ce programme, je sais qu’il s’agit d’un autre exemple de la manière dont les sages-femmes travaillent ensemble malgré les diverses contraintes spatiales, horaires et environnementales pour mieux servir les mères et les bébés dont nous nous occupons. La collaboration internationale a le potentiel de créer beaucoup de valeur puisqu’elle ouvre un espace propice au partage des questions et des apprentissages. Effectivement, quand les personnes ayant une passion commune se réunissent, cela peut mener à de grandes réalisations.

Par Deborah Bonser, Association Canadienne des Sage-Femmes

 

Publié:

avril 15, 2014


Auteur:

Deborah Bonser


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